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Channel: En balade, né au vent
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Alors chat !

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Chaïna et Nala restituées à leurs maîtresse et maître après un mois de cohabitation obligée avec l'autre, soit moi...,

 

1- Chaïna - Nala

me voici de retour chez moi, enfin, chez mes chats. 

Plus encore qu'avant mon absence, Croquette exige les câlins qu'elle sait pouvoir gagner facilement en implorant sur une tonalité tristement miaulée de "pauvre petit chat malade". Mais personne n'est dupe, "c'est une minette heureuse ça", dit Grand-maman !

2- Chat sac

Un câlin, et s'il te plait, ne repars pas !

Cet été, alors que nous les humains cherchions la fraîcheur à l'intérieur, des heures de canicule durant, Croquette avait fait...

Chat-long...

sous le saule.

3-Chat long

Et maintenant que l'hiver approche, que le brouillard est là, que Croquette s'est petit à petit gonflée d'une fourrure épaisse, la voici qui fait...

Chat-rond...

à longueur de journée.

4- Chat rond

J'exagère à peine car si Croquette aime toujours à décorer et animer le jardin de quelques courses folles tandis que je nettoie et ramasse les feuilles mortes, ça ne dure jamais bien longtemps. Très vite la minette attend patiemment devant la porte, miaulant dès qu'elle croise mon regard, réclamant l'intérieur, le feu de cheminée, la panière au linge doux.

Et pourtant, avec un tel manteau, une si jolie chapka, n'est-elle pas bien équipée pour faire la belle aux sports d'hivers ?!

Chat-long l'été, Chat-rond l'hiver et même...

Chat-plat...

dans la pile de linge ! 

Moi, je donne ma langue au chat ?!

5- Chat plat

    

     - Ben nous, ce qu'on aime en fait, c'est faire Chaud-chat !

 

©F6

6 novembre 2015

NB : en cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre, c'est plus chouette à contempler. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication. 

 


Bouilland, ou, "La voix aux voies"

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A BOUILLAND, la dernière fois que nous nous sommes promenés c'était dans un printemps déjà avancé, sur la piste des orchidées. 

"Balcons de Bouilland", ou, "Le sentier des orchidées"

A Gilbert, qui, après mon père sensible et déjà bon connaisseur en matière de flore et de faune, a considérablement élargi, enrichi et documenté mon intérêt couvant pour les fleurs, les cartes, les cours d'eau, les cartes des fleurs et des cours d'eau, les récits, les récits de cartes, de fleurs et de cours d'eau...

http://f6mig.canalblog.com

Aujourd'hui 1er novembre c'est l'été, celui offert de tous temps en bonus climatique par un automne flamboyant.  

1- Bouilland - panorama - 1er nov 2015 comp

Le RHOIN sort au pied de la roche au seuil du village ; après le filet de l'été, l'eau est vite revenue. Les pluies s'infiltrant dans le plateau calcaire ont retrouvé les failles, les fissures, les substrats meubles, les nappes, les flaques et les lacs souterrains, jusqu'au grand jour des sources. La rivière étire à nouveau son ruban d'argent, de méandre en tufière, en direction du sud.

2- Bouilland 2 saisons - 2x2 comp

Printemps / Automne

Le site magnifique, que nous fréquentons régulièrement depuis notre installation dans la région beaunoise en 1979, a bénéficié d'un programme "Life" de 1999 à 2002. De ce programme financier européen visant à intégrer les dimensions environementales aux politiques d'aménagement d'un secteur, le promeneur n'aura aperçu que quelques panneaux de belle facture mais éphémères et énigmatiques frappés du logo étoilé de l'Europe, signant les carrefours de sentiers en n'apportant aucune autre information.

Il n'en va plus de même depuis le 29 octobre 2014, date du classement "Natura 2000".

3- Panneau Natura 2000 - Bouilland

4- Panneau Natura 2000 - Bouilland

Des panneaux informatifs que je découvrais récemment ont été installés "aux portes" principales du site.

Réelle volonté écologique, ou opportunité touristique ? Dans une région où le tourisme est avec le commerce du vin le moteur principal de l'économie, on peut s'interroger et espérer le concours intelligent de ces deux motivations écolo-nomiques. 

Tomber dans l'panneau

Toujours est-il que l'investissement de la Communauté d'agglomération dans la démarche Natura 2000 est visiblement bien plus, et bien mieux engagé.

19- Panneau Natura 2000 - Bouilland

Souhaitons tout de même que la fréquentation des sentiers ainsi que des parois reste raisonnable et respectueuse, car certains milieux semblent être là en équilibre instable, comme ces pierriers de pied de falaises calcaires dans lesquelles nichent les rapaces.  

5- Dais d'or

Ce 1er novembre déroulera la balade sous les dais d'or jaune de quelques peupliers égarés, d'or rouge des hêtres majoritaires au couvert forestier. Les températures sont estivales, les manches restent au fond du sac et la sueur perle au front.   

6- Combe à la vieille - Bouilland

Vue sur la face ouest de la COMBE A LA VIEILLE (échancrure du Grand cirque des falaises à droite)

Comme très souvent, le pas conduit au rendez-vous incontournable de la pointe des ROCHES DU CHATELET permettant d'admirer les plus hautes falaises de la COMBE A LA VIEILLE. Mais auparavant, nos deux jeunes étant récemment passés par ici, je reviendrai par simple curiosité au pied des roches surplombant le village où nous nous étions essayéà la varappe en toute modestie il y a 30 ans.

7- Voies Bouilland - 2x2 - 1

30 ans, soit en 1985, les voies étaient alors peu nombreuses et très sommairement équipées. Dans le meilleur des cas, il était possible de trouver un anneau scellé au sommet, mais en l'absence de ce point d'assurage, il n'était encore pas rare de sangler à cette fin le pied d'un arbre ou bien d'un bouquet d'arbustes semblant suffisamment solides.

En 2015, nos jeunes ont trouvé un site très bien équipé, aux voies répertoriées et cotées, nommées avec l'humour et le "délirium très mince" des passionnés locaux. 

8- Voie Gaspard

9- Voie Gaspard

Cotée 4, "Gaspard des montagnes" est probablement l'une des voies les plus faciles du secteur, mais plus on descend sud, plus ça se complique.

10- Combe à la vieille - Bouilland

Vue sur la face ouest de la COMBE A LA VIEILLE (échancrure du Petit cirque des falaises à gauche)

11- Voie Mèche - détail

12- Voie Mèche

Plus on descend sud, plus ça se complique : je note qu'on passe assez rapidement les cotes 5 et 6 pour aborder le 7, bien plus acrobatique et exigeant.

13- Combe à la vieille - Grand cirque - Bouilland

Vue sur la face ouest de la COMBE A LA VIEILLE (échancrure du Grand cirque des falaises au centre)

Le 8, qui plus est c, et encore +, reste toutefois une anecdote, et à défaut d'amour, une "déclaration d'humour" dans ce secteur. Le 7 prend ses aises et se multiplie, ça rigole un peu moins jusque dans les expressions empruntées ou fabriquées de cette mignonne littérature de voie.

14- Voies Bouilland - 2x2 - 2

15- Voie Sourire

16- Voie Sourire

Bien que devenu complètement inapte, dépassé par la pratique de l'escalade, et peut-être même serait-ce ainsi pour quelqu'un qui n'en aurait jamais eu aucune, je prends cependant beaucoup de plaisir à progresser sur l'étroit sentier au pied de la falaise. J'imagine les cordes, les cris, les rires, les acrobaties, les prises, les chutes, les jurons, les coups de fatigue, les victoires sur la voie... au fur et à mesure des clins d'oeil offerts par l'écrivain de pierre : Starting bloc - Loreleï - L'Everest (4 !) - La voie des filles - Barba Patoune - Anubis - Psychiadélice - RDV en terrain connu - Milinette - Banane mécanique - After eight... 

17- Cabotte Bouilland

"Ma" cabotte à BOUILLAND

Arrivés dans la région beaunoise en 1979, si l'opportunité s'était présentée, nous nous serions bien installés à BOUILLAND. Ici on respire un autre air que celui des vignes régulièrement embaumé de bouillie bordelaise et d'autres produits phytosanitaires. Ici on respire un autre air que celui de la plaine empoussiéré et empesté 8 mois sur 12. Ici on respire un air bien moins souvent alourdi par les brouillards de la plaine calés au pied de la côte des vins. 

18- Le Chatelet - Bouilland

"Proue" des ROCHES DU CHATELET

Aujourd'hui les températures étaient estivales. Une luminosité vite rasante, un crépuscule pressé pesant de son ombre fraîche sur les épaules sont là pour me rappeler aux réalités saisonnières. L'heure de laisser la parole à la seule roche et la place au silence de la nuit est arrivée.

 

©F6

17 novembre 2015

NB : en cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre, c'est plus chouette à contempler. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.

Bouilland, visite de "la cathédrale" - 1/2

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Si FONTAINEBLEAU est en France "LA MECQUE" de l'escalade, c'est une cathédrale que le Grand Ordonnateur des Reliefs lui a bâti à BOUILLAND.

1- Cathédrale Notre Dame des voies

Vue sur la face ouest de la COMBE A LA VIEILLE : le choeur et ses deux chapelles (GRAND CIRQUE à gauche, PETIT CIRQUE à droite)

Muni d'une paire de bonnes chaussures et disposant d'une journée, le promeneur ne pourra en faire qu'un tour approximatif. C'est déjà beau, mais il lui faudra bien plus que cela, plusieurs jours, plusieurs mois, plusieurs années même, pour en connaître chaque élément d'architecture, et selon l'ampleur de celles-ci, assouvir ses passions. Sûre d'elle, la cathédrale de BOUILLAND est tellement vaste et belle qu'elle ne craint pas les infidélités, celles-ci ne sont que passagères.

Pour en dresser un plan grossier, avant d'explorer quelques recoins plus en détail, imaginons à la façade occidentale l'entrée par le narthex que constitue la ROCHE PERCEE s'engageant vers l'est dans la COMBE PORTAUT. Vient ensuite la nef centrale couverte de la forêt de feuillus. Le cours du RHOIN introduit et souligne alors le transept des  ROCHES DU CHATELET.

IMG

Pour peu que l'on accepte quelque déformation tectonique de l'ensemble, on pourrait tout à fait considérer que les ROCHES DE BOUILLAND s'élèveraient en bras nord du transept, alors que les ROCHES DU CHATELET en seraient le bras sud. Le choeur est lui aussi forestier, il débouche sur les falaises de la COMBE A LA VIEILLE avec à leur pied un  déambulatoire discret, bordé de buis, desservant les deux chapelles absidiales du PETIT CIRQUE et du GRAND CIRQUE.

Le parvis est boisé, principalement de hêtres tendus vers le ciel et de petits chênes tourmentés.  

2- Parvis 1

Du blanc au bleu, du gris au noir, du jaune d'or à l'orangé illuminé, les différents grains de la pierre calcaire accrochent les ombres et les couleurs que lui adresse le projecteur céleste, selon l'heure et son humeur.

3- Flanc 1

C'est sur le sentier du déambulatoire que répètent chorale et solistes, plus précisément aux endroits où il s'élargit en épousant la forme d'auditorium du PETIT CIRQUE et du GRAND CIRQUE.  

4- Choeur de dégaines 1

La symphonie pour choeur et dégaines y résonne de ses accents cristallins et joyeux, amplifiés par la voûte.  

5- Choeur de dégaines 2

A la disposition des fidèles, tantôt auditeurs, tantôt choristes et danseurs, les partitions restent là, lithogravées sur les parois : musiques aux multiples figures de notes crochées, chorégraphies de pas de chat, de petits pas et d'entrechats, de sauts de puce, d'envers-endroits de lézard, de volte-face d'araignée...

6- Partitions 4 voies comp

Quelques petites chapelles rayonnantes offrent la fraîcheur et l'humidité du gîte aux fougères, ou bien le siège aux fidèles fatigués, à moins qu'il ne s'agisse de tabourets "prie-pierre" ?

7- Chapelles latérales

C'est en progressant sur le déambulatoire, à l'extrémité nord du GRAND CIRQUE qu'on parvient au pied de la flèche.

9- Flèche 2

Dressée fièrement vers le ciel, l'aiguille de vide entourée de calcaire lisse et ruisselé, par endroits martelé, baigné de soleil, en son faîte s'ouvre à la vie,...  

10- Flèche 3

qu'elle regarde d'un oeil confiant et serein.

11- Flèche oeil 2

Du blanc au bleu, du gris au noir, du jaune d'or à l'orangé illuminé, les différents grains de la pierre calcaire accrochent les ombres et les couleurs que lui adresse le projecteur céleste, selon l'heure et son humeur.

12- Flanc 2

Le parvis est boisé, principalement de hêtres tendus vers le ciel et de petits chênes tourmentés.

13- Parvis 2

Mesdames, Messieurs, notre visite à la cathédrale de l'escalade de BOUILLAND s'achève ici.

N'oubliez pas le guide !

14- Le cri du hibou

 

©F6

21 novembre 2015

NB : en cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre, c'est plus chouette à contempler. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.

Bouilland, visite de "la cathédrale" - 2/2

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Restons sur le déambulatoire, poursuivons notre visite de la cathédrale de BOUILLAND et attardons-nous sur quelques détails.

Combe à la vieille - Pierre B

Photo de Pierre BONNET depuis sa montgolfière en vol - vue sur la COMBE A LA VIEILLE : le choeur et ses deux chapelles, PETIT CIRQUE et GRAND CIRQUE, le déambulatoire au pied des roches -

 CLIC (Pierre et Christiane BONNET - Air Escargot)

Toute cathédrale fait l'admiration des passants pour ses dentelles de pierre ; BOUILLAND n'échappe pas à la règle.

Drappés de roche

Les chapelles absidiales paraissant creusées dans la roche, attirent l'attention pour leur ressemblance avec les drapés d'une grotte calcaire. Leur formation est similaire, mais s'effectue à l'air libre. La couleur de la roche est par conséquent soumise aux rayons du soleil et une vie végétale de lichens, de champignons, d'algues et de mousses s'y développe. Les niches n'ont pas été creusées, elles se sont rapportées d'elles-mêmes petit à petit sur la paroi, par ruissellement d'eau et dépôt calcaire au fil d'un temps qui se mesure en millions d'années.

2- Dentelles pierre 1

Et cet habillage de la roche se poursuit de nos jours, tenons en pour preuve ces concrétions plus fines...

4- Dentelles pierre 3

... qui, petit à petit, à une allure géologique, se combleront pour former le drapé du manteau rocheux des endroits les plus exposés au ruissellement.

IMG_7557 comp

Les façades des cathédrales s'ornent généralement de gargouilles grimaçantes destinnées à l'écoulement des eaux de pluie à distance des murs. Bien au contraire, les gargouilles de BOUILLAND apprécient l'eau qu'elles retiennent le plus longtemps possible. 

5- Visages mousse - 2 x 2 - comp

S'il est des secteurs secs où la pierre apparaît "à nu" avec ses failles, ses plissement et ses fractures, soumise à l'érosion et donnant naissance aux pierriers du pied des falaises...

6- Petit cirque entrée gauche

il en est autant où l'eau habille, protège, recouvre, soude, conserve, apporte sa contribution à une forme de vie bio-minérale particulière.

7- Visage pierre 1

Qui ne sera pas surpris de voir jaillir ce visage de roche de la falaise, comme une apparition surnaturelle  ?

8- Visage pierre - pf dt 2

C'est sur le déambulatoire à hauteur de jeune femme, proche de l'extrémité nord du PETIT CIRQUE que Violaine a oeuvré.

9- Visage pierre - pf gch 3

Violaine a oeuvré dans les années 1995, il y a 20 ans. Sans ciseaux, sans grain d'orge, sans maillet, sans polka et sans taillant, de ses doigts elle a modelé.

10- Tuf

De ses doigts Violaine a modelé, pressé, enfoncé, pincé, tassé, creusé dans un matériau qui était encore de la mousse, mais pas seulement ; dans la roche, mais qui n'en était pas encore vraiment. Elle a modelé un matériau meuble fait de mousse végétale et de dépôt calcaire, le tuf en cours de formation.

Violaine a modelé puis s'en est allée. Le temps, 20 ans, a fait le reste.

11- Visage pierre - pf dt 1

20 ans de ruissellements ont suffi pour compacter encore la bonne idée de Violaine et lui donner, non seulement l'aspect extérieur d'une sculpture, mais aussi la dureté.

12- Visage pierre - pf gch 4

Aujourd'hui plus encore, BOUILLAND a tout d'une cathédrale de l'escalade et de la pleine nature : 

Notre Dame de la Combe.

 

¤¤¤

 

Pour le travail qu'il effectue là-bas et ailleurs pour lui même et pour les autres, parce qu'il m'a mis sur la voie de ce visage, je tiens à remercier le "fou de grimpe", le "Combeur", le "Vieux de la Vieille", j'ai nommé Jean-Yves SALIN que l'on retrouvera en suivant le bout de sa corde, ou bien au manche de pioche, de scie àélaguer, à la poignée de marteau perforateur... mais aussi sur son blog :

Land'art - escalade en pays beaunois

Voici quelques clichés de la Combe ce matin. Les couleurs de l'automne débarquent, le temps est splendide et je ne m'en lasse pas. J'en profite aussi pour présenter deux photos de la sculpture réalisée au petit cirque par Violaine il y a une 20aine d'années sur de la mousse et qui, progressivement, se transforme en calcaire...

http://foudegrimpe.canalblog.com


On prendra aussi plaisir àécouter Jean-Yves et ses potes de VO2Max :

 

Merci Violaine,

merci enfin et surtout de bien réfléchir à nos faits et gestes quand nous nous aventurons dans de tels sites si fragiles.

 

©F6

22 novembre 2015

NB : les clichés de cet article datent des balades des 12 et 13 novembre 2015, sauf celui de Pierre datant d'octobre 2010. En cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre, c'est plus chouette à contempler. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.

Promenade en terroir viticole - pierres de meurgers et de cabottes

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En terroir viticole, ainsi que juste au dessus sur "la montagne", la roche fracassée, émiettée, ressort  d'une croûte de terre arable par endroit peu épaisse et très rocailleuse.

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Argiles, calcaires, marnes y sont plus ou moins colorés d'un ocre dont la teinte peut aller  jusqu'à l'acajou. 

2

De tous temps, l'homme gêné par cette pierre l'a besogneusement mise de côté pour laisser la place aux cultures sans risquer de s'y tordre les chevilles à chaque pas. Il est certain que dans le passé, bien des "petites mains" enfantines ont contribuéà abonder ces amoncellements !

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De tous temps... pas si sûr. Aux "petites mains" ont succédé des moyens mécaniques imposants et nous assistons actuellement à des chantiers viticoles d'envergure : à la création, ou plutôt une fois le moment venu d'arracher et de replanter une parcelle de vigne, on voit d'énormes engins hurlants et fumants décaisser, faire le tri entre terre et pierre, concasser celle-ci pour enfin réétaler le tout formant alors un substrat plus meuble n'ayant rien perdu de sa minéralité.

Possible, et même probable que cela ait quelques bonnes influences sur le bouquet des vins futurs !

4

La quantité de pierre ainsi mise à l'écart autrefois est si importante, qu'on remarque encore aujourd'hui au beau milieu de terroirs viticoles aux appellations prestigieuses, ces sortes de tumulus nommés ici "meurgers", formant des îles ou des isthmes entre les parcelles de vignes. La quantité de pierre est si importante qu'avant de l'empiler vaguement en meurgers, on  a aussi méticuleusement construit des murets de délimitation des parcelles.

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Des experts en constructions de pierres sèches calées l'une sur l'autre sans utilisation d'un quelconque liant argile ou mortier, ont élevé aux coins, parfois même au milieu des murs, des "niches" suffisamment vastes pour y remiser  quelques outils le soir, s'y abriter le temps d'une giboulée de mars, ou bien manger à l'abri du mordant des vents d'hiver. Construites également un peu plus haut que la vigne, sur les chaumes "à la montagne", ce sont des bergers que les "cabottes" abritaient en cas de nécessité. 

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Construire en pierres sèches sans que tout ne s'écroule une fois les talons tournés demande déjà un réel savoir faire, mais l'agencement  soupesé, mesuré de chaque pierre afin que la voûte tienne d'elle même par encorbellement, est un défit encore plus ambitieux à la gravité !

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Si aujourd'hui la plupart des ouvriers viticoles utilisent pour les mêmes besoins des fourgons, version tôlée roulante et motorisée de la cabotte d'autrefois, on en rencontre encore quelques-unes de construction récente.

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Plus rectilignes mais avec les mêmes vocations utilitaires...

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ou bien construites "au cordeau" et implantées à quelques carrefours stratégiques de l'oenotourisme en vogue.

IMG_0674 rec comp

Des parcelles on extrait la pierre de meurgers et de cabottes en quantité, et de la vigne, chaque année, sarments sont tirés et vieux ceps trop âgés ou malades sont arrachés.

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Le brûlage reste la solution définitive la plus fréquente, mais tout comme pour la pierre, certains viticulteurs préfèrent aujourd'hui laisser les sarments sur place entre les rangs après les avoir broyés.

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Quant aux ceps, le commerce du tire-bouchon-souvenir ne semblant plus suffire àécouler les stocks, certains ingénieux  leur trouvent une autre utilité !

Cependant, des énigmes demeurent.

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Ce pin est-il sorti de terre en perçant la roche pour mieux s'en parer ?

S'agit-il de l'instrument de musique "lithophone" d'un anachorète de cabotte ?

Un festival de "land'art" se tient-il ici en ce moment ?

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Et ce caillou pointu solitaire juché sur un piquet de clôture...

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... serait-il là en guise d'anémomètre girouette... ?

 

Tous les clichés de cette balade ont été pris en "chemin à la carte" entre la Montagne de la Chaume et les Crétots soit entre NANTOUX et BOUZE LES BEAUNE, là où un mois plus tôt...

"La montagne de la Chaume", ou, "Le sentier d'autres orchidées"

La Montagne de la Chaume, langue de terre orientée nord-sud, domine les vignes et le ruisseau de la Combe entre BOUZE LES BEAUNE (1) et NANTOUX. Habituellement, en entendant le mot "chaume", on pense d'abord au matériau des toitures épaisses de paille ou de roseaux bien entretenues et rénovées que l'on trouve encore dans certaines régions.

http://f6mig.canalblog.com

 

 

©F6

28 novembre 2015

NB : les clichés de cet article datent de balades de juin 2015. En cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre, c'est plus chouette à contempler. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.

Sur la froide pierre

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Sur la froide pierre du cimetière,

 M'en est allé,

Sombre, triste et désolé.

 

1 - Racine hêtre - Bouilland

 

A l'ombre de la forêt j'ai écouté.

J'ai écouté, depuis les racines jusqu'aux cimes du feuillage,

S'égayer des milliers de messages.

-

Sur la froide pierre du cimetière,

S'écrivent des lettres usées.

 

2 - Sentier sous les roches - Bouilland

 

Sur les roches j'ai marché.

J'ai marché du pas lent au vent d'antan,

Hurlements étouffés, rires et larmes apaisant.

-

Sur la sombre pierre du cimetière,

Souffle le vent glacé.

 

3 - Feuillage hêtre - Bouilland

 

En chemin j'ai rencontré.

J'ai rencontré discrètes et fragiles tant de fleurs,

Souriant au fossé de mes pleurs.

-

Sur la triste pierre du cimetière,

S'emmurent les pensées.

 

4 - Au ciel - Bouilland

 

Sur la froide pierre du cimetière,

A toi je souris,

Tu es ailleurs, tu es partout, tu es ici.

 

5 - Oeillet sur les roches - Bouilland

 

©F6

13 décembre 2015

Clichés provenant de Bouilland, sentier sous les roches, le 1er novembre 2015

 

En cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.

 

Bois de lune dans le Risoux

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     "A CHAPELLE DES BOIS, la surface de la forêt en 1840 était de 735 ha, en 1914 de 1900 ha et en 1994 de 2945 ha. La forêt s'est étendue de 2210 ha, soit une progression annuelle de 14 ha."René WEIBEL - Sur le chemin des refuges forestiers (édition 2008).

C'est à l'invitation de René WEIBEL, relayée avec enthousiasme par Christian dit Coco gérant le refuge "Chez l'Aîmé", que l'on se lance "à la découverte de visu de ces refuges forestiers, humbles constructions disséminées dans le vaste RISOUD".

1- Panorama sur les lacs

Point de vue sur les lacs depuis le RISOUX : LAC DES MORTES, LAC DE BELLEFONTAINE

Il n'y a pas que le RISOUX qui compte dans la région loin s'en faut, mais cette découverte prenant l'allure, sinon d'une chasse aux trésors, tout au moins celle d'un très grand jeu de piste auquel on se prend, nécessitera bien plusieurs jours, plusieurs saisons, plusieurs années pour qui ne demeure pas à la lisière du massif. Un  très grand jeu de piste auquel on se prend... en tâchant aussi de ne pas s'y perdre !

2- Sentier Roche Bernard

Sentier de montée vers ROCHE BERNARD... ouf !

Est-ce parce que le jeu se déroule en SUISSE dont on n'est pas habitué aux cartes pourtant bien similaires aux françaises ? Est-ce parce que la représentation des sentiers, chemins, pistes, routes serait différente ? Ou plutôt parce que leur nombre et leurs tracés évoluent au fil du temps et des travaux forestiers ?

3- Lumière en gouttes

Lumière brumisée en chemin dans le RISOUX

Toujours est-il que dans ce relief accidenté de petit chaos karstique sur le pli du plateau jurassien, mieux vaut avoir l'oeil à la carte tout autant qu'au terrain, et vice versa, plutôt que l'oreille aux babillages des amis marcheurs. Mieux vaut savoir évaluer une distance avec la longueur de sa foulée et orienter la carte à l'aide d'une boussole, plutôt que de  parier sur des approximations ou compter sur ses souvenirs. Ces conditions remplies, la partie n'est pas encore gagnée ! Je connais deux randonneurs chevronnés qui jeudi dernier n'ont pas trouvé GARE DU NORD...

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Vue de fesses (de chamois)...

(soyons honnête, c'était le lendemain, c'était un peu plus au sud en contrebas du RISOUX dans le vallon qui mène à MORBIER)

Le relief est accidenté on l'a dit, et de plus, le couvert forestier à 98% environ mélangé de hauts résineux, de hêtres et de taillis, ne propose aucun autre repère fixe et visible de loin que les cimes des tout premiers arbres. Pour s'orienter, restent la représentation parfois confuse et incomplète des cheminements possibles sur la carte, les balisages différents, partiels, français ou suisses de quelques sentiers de randonnée desservant les "grandes" destinations, le mur frontière coudéà angle droit en deux directions, quelques rares bornes frontières,  et enfin, ces multiples refuges qu'on cherche et que l'on est si heureux de trouver.

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Vue de faces (de chamois)

Si l'on souhaite assaisonner encore la promenade d'un zeste aventureux en la réalisant l'hiver avec un doux tapis neigeux afin que le refuge forestier  visé remplisse pleinement sa mission en offrant son abri à la pause repas, mieux vaudra alors avoir reconnu préalablement l'itinéraire dévêtu de son épais manteau floconneux...

IMG_7852 comp

Dans le NOIRMONT, entre CREUX DU CLOUE et MONT SALA (CH), cimetière aux Bourguignons

... Car le poids de ce manteau immaculé ploie arbrisseaux et branches basses, refermant ainsi les cheminements : la route forestière devient chemin, le chemin devient sente, et la sente... rien !

... Car l'épaisseur du lourd manteau immaculé impose de marcher  plusieurs dizaines de centimètres au dessus du sol solide : du mur frontière ne reste au mieux qu'une vague ridule entre les sapins, et d'un balisage de sentier déjà rare ne se voient plus que les marques de peinture suffisament hautes sur les troncs. Quant à celles peintes au sol sur des pierres permanentes... plus rien ! 

... Car qui, d'un pied léger comptait ses foulées afin de parcourir le plus exactement possible 250 mètres avant un carrefour, se trouvera ralenti, entravé par le lourd et épais manteau neigeux.

4- Belvédère Roche Champion

Belvédère et croix de ROCHE CHAMPION au dessus de CHAPELLE DES BOIS

Les conditions pourraient bien être réunies pour se sentir ici comme le Petit Poucet dont les pauvres parents cherchent à se débarrasser.

Sauf que dans le RISOUX karstique, inutile de se remplir les poches de petits cailloux !

5- Sentier suisse

Dans le RISOUX, une fois passé le mur frontière, balisage suisse

     J'introduisais cet article par le constat chiffré de l'avancée de la forêt. Ce constat est repris par René WEIBEL ainsi que chez d'autres auteurs : "avant on voyait les champs, aujourd'hui c'est la forêt... ", "certains paysans louent des terres agricoles très loin de leurs exploitations, ils y coupent le foin puis s'en vont sans prendre le temps et la peine de les entretenir jusqu'au bord du bois...", "le paysage se referme petit à petit, c'est comme ça que la broussaille s'installe et que la forêt envahit..." (Montagnes du Jura - Agathe, enquête de paysage - collection réalisée par les CPIE du Haut-Doubs et du Haut-Jura).

L'échange est ouvert et d'actualité. Il y aurait encore bien des questions et des remarques à entendre au sujet de cette avancée actuelle de la forêt et du refermement des paysages. Sans doute nous conduiraient-elles jusqu'à notre plateau de fromage et son traditionnel morceau de Comté !

IMG_7807 rec comp

Vue sur CHAPELLE DES BOIS depuis ROCHE CHAMPION

Mais il n'en a pas toujours été ainsi de l'avancée de la forêt, bien au contraire.

     J'ai décidé aujourd'hui de pousser ma quête bien plus haut qu'en octobre dernier pour débusquer le CHALET CAPT au milieu de sa clairière .

 

Vue Chapelle - Roches - forêt Risoux

 

CHALET CAPT diffère sur bien des aspects de toutes les cabanes-refuges forestiers que je connais à ce jour. 

6- Chalet Capt

CHALET CAPT - façade est

CHALET CAPT est un vaste bâtiment de pierre dont certaines façades sont recouvertes de tavillons récemment rénovés, alors que la plupart des autres cabanes-refuges sont construites en bois sur un modèle simple et rudimentaire d'une superficie de 7 m² environ.

7- Chalet Capt - 1885

Le bâtiment actuel est préservé tel qu'il était photographié en 1885 il y a 130 ans. Mais bien avant, au 18ème siècle, au milieu d'un vaste pâturage s'y trouvaient deux vacheries suffisamment importantes pour qu'on y fabrique crème, beurre et fromage.

11- Chalet Capt - déc 2015

CHALET CAPT - façade ouest

Le propriétaire des lieux, Daniel CAPT implante son alpage dans la forêt, tout en étant également garde-forestier. Succinctement décrit dans la littérature locale comme un "personnage ambigu fleuretant toujours avec l'illégalité", il est néanmoins suffisamment célèbre en 1750 pour que ce secteur du RISOUX ainsi qu'un chemin montant de la VALLEE DE JOUX portent encore aujourd'hui son nom.

14- Chalet Capt - déc 2015

L'histoire est longue et complexe depuis le début du défrichage de la région au 5ème siècle jusqu'à nos jours. Du désert couvert de forêts impénétrables, à la riche vallée d'aujourd'hui abritant les fleurons de l'horlogerie-bijouterie et de la micro-mécanique de précision, il a déjà fallu faire reculer la forêt, s'adapter aux conditions rigoureuses, tirer profit des richesses naturelles, et gérer des intérêts se croisant, divergeant, entrant en conflit, rivalisant...

(Juste quelques noms d'horlogerie-bijouterie prestigieux implantés dans la VALLEE DE JOUX : Audemars Piguet, Blancpain, Breguet, Jaeger LeCoultre, Patek Philippe, Bulgari, Vacheron Constantin...)

12- Chalet Capt - déc 2015

En fait l'intéressé maîtrisait parfaitement la langue de Molière, mais tout le monde est d'accord pour abattre et étendre les pâturages"Ce passage cité par René WEIBEL ("Sur le chemin des refuges forestiers") est probablement extrait de la quantitéénorme d'archives du "Grand procès du Risoud" tenu entre 1758 et 1762.

8 - Chalet Capt - gendarmes 1900

Daniel CAPT et ses collègues "gardes forestiers" n'ont certainement pas été jugés suffisamment efficaces dans l'exercice de leurs fonctions officielles puisque peu après, le CHALET CAPT ainsi que le POSTE DES MINES ont été occupés par les gendarmes chargés de surveiller la frontière et les amateurs de "bois de lune". 

13- Chalet Capt - déc 2015

L'expression "bois de lune" n'indique pas du tout que les arbres ont été coupés à une phase favorable de l'astre lunaire, mais bien qu'il s'agit de bois volé la nuit "au clair de lune" pour un usage personnel ou pour la contrebande. La configuration du relief serait propice à l'exploitation forestière car elle présente des échancrures dans la ligne de falaises entre ROCHE BERNARD et ROCHE CHAMPION au dessus de CHAPELLE DES BOIS. Nommés "gîts", ces toboggans naturels par lesquels il est aisé de pousser les troncs simplifieraient le travail des forestiers. Mais au lieu d'exploitation forestière régulière, il s'agissait bien ici de contrebande puisque la ligne de falaises fait frontière entre la Suisse et la France. 

9- Chalet Capt - 1902 fin occupation gendarmerie

Extrait de "gazette locale" de 1902

Les gendarmes sont restés à demeure toute l'année dans ces postes très avancés et très isolés, bravant parfois des hauteurs de neige énormes comme les 4 à 5 mètres relevés dans l'hiver 1859-1860. Les pâturages se sont petits à petits refermés, l'alpage a disparu laissant à nouveau la place à la forêt telle que nous la connaissons aujourd'hui avec son exploitation rigoureusement réglementée.

15- Refuge forestier Le Bonnet de Police

Peut-être ne trouve-t-on plus de "bois de lune" dans le RISOUX, mais on y exploite toujours du "bois de résonnance", celui utilisé par le luthier pour violons et guitares.

17- Refuge forestier Le Bonnet de Police

Les gendarmes ont quitté CHALET CAPT en 1902. Est-ce pour se rappeler au souvenir d'éventuels contrebandiers que l'on a baptisé une proche cabane-refuge forestier "Le Bonnet de Police" ?

16- Refuge forestier Le Bonnet de Police

Et au "Bonnet de Police", se chauffe-t-on au "bois de lune" ? 

18- Refuge forestier Le Bonnet de Police

 

©F6 

24 décembre 2015 

Clichés provenant essentiellement du RISOUX le 17 décembre, de MORBIER et du CREUX DU CLOUE le 19 décembre 2015 

En cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.

¤ Les quelques renseignements historiques que comporte cet article proviennent des sites de Rémy ROCHAT (Archives culturelles de la Vallée de Joux) et de Jean-Luc AUBERT (...combier.ch)

¤ Pour poursuivre le jeu sur la piste des cabnes-refuges forestiers du RISOUX :

Rendez-vous Gare du Nord - En balade, né au vent

"Pas compliqué, c'est au guichet GARE DU NORD, mais plus pour très longtemps !" Bon..., alors ne tardons pas, en route pour GARE DU NORD : Tout d'abord prendre l'avenue SOUS LE RISOUX en s'autorisant le temps de lécher quelques vitrines... ... du LAC DES MORTES, et du rayon tourbières.

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Cache-cache cabanes dans le Risoux - En balade, né au vent

Promenade lumineuse et chaleureuse, agrémentée d'un peu d'orientation relatée ici : Rendez-vous GARE DU NORD. Nous étant fait rembourser un billet d'été manqué Gare du Nord en octobre, pourquoi ne pas s'offrir une petite avance d'hiver en décembre, et tenter de débusquer quelques autres cabanes tapies dans la froide saison du Risoux.

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Au buffet de la gare - En balade, né au vent

Rendez-vous Gare du Nord, c'était en octobre : rendez-vous pour un dernier petit reste d'été. Aujourd'hui, frimas obligent, manger dehors est toujours possible, mais seulement en cas de nécessité absolue et rapidement ; l'abri du buffet de la gare est préférable.

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2016

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Que cette nouvelle année

Soit remplie de fleurs

Et comblée de bonheurs.

Montage Bouilland - 3x3 comp 3

 

©F6 et MC


Ma dernière pierre

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Ce n'est pas d'un caillou dans ma chaussure dont je vais vous parler aujourd'hui, mais plutôt d'une pierre sous ma semelle. 

Un jour gris au tout début du printemps 2015, sur le chemin de la Montagne du Single depuis MAVILLY-MANDELOT, elle a fait ressurgir mon intérêt d'enfant puis de jeune adolescent pour la paléontologie. Bien des verbes importaient alors : observer, remarquer, questionner, écouter, apprendre, fouiner, fouiller, trouver...

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Le fossile n'a rien de vraiment remarquable : il n'est pas parfaitement conservé, putôt râpé et usé, il n'appartient pas à une espèce rare, bien au contraire. Cette pierre s'est simplement offerte à ma vue comme un signe, comme un petit rappel planté au beau milieu du sentier alors que ma balade n'avait au départ aucun but géologique, si ce n'est que d'aller voir cette montagne aux deux mamelons surplombant le cirque des villages de l'arrière-côte.

Il s'agit d'une Ammonite (AMMONOIDEA) datant du Jurassique inférieur (LIAS) et probablement du Sinémurien (-199 Millions à -190 Millions d'années). Coquille fossile d'un mollusque Céphalopode éteint, l'animal avait "des jambes à son cou", étymologiquement "la tête aux pieds". Plus explicitement, il possédait une tête munie de tentacules tout comme les seiches, pieuvres et calmars toujours présents dans nos océans. 

Ammonoid

Photo article Wikipédia

"Donc ici, c'était la mer..." avait conclu mon père alors que nous nous promenions dans NOLAY sa ville natale, où chaque seuil de porte, chaque encadrement de fenêtre de pierre est pavé de Gryphées arquées (GRYPHEA ARCUATA). Il y avait là de quoi impressionner l'enfant d'à peine dix ans, d'autant que la remarque concernant des pierres de construction issues de fonds marins s'était prolongée hors de la petite bourgade par des trouvailles dans des affleurements de marnes argilo-calcaires. Pour mon plus grand bonheur, la Gryphée arquée, huître "banale", n'était donc pas l'unique richesse paléontologique des environs de NOLAY. Bélemnites (BELEMNOIDEA) dont la forme rappelle celle des balles de fusil, et Crinoïdes (CRINOIDEA) discrets petits plateaux étoilés de quelques millimètres ont d'abord rempli mes poches, puis mes tiroirs. Malheureusement, jamais je n'aurai trouvé celle qui à mes yeux de l'époque constituait un véritable trésor : une Ammonite géante aux mensurations impressionnantes approchant le mètre de diamètre, de celles qu'on pouvait admirer derrière une vitre nolaytoise, ou bien seulement se contenter d'imaginer devant un tronçon de spire sur un perron.

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C'est un peu plus tard, au fil de lectures ou de visites d'expositions présentant des exemplaires d'Ammonites fossilisées dans des conditions particulières, que j'ai appris les singularités ingénieuses de l'animal construisant et habitant cette coquille. Ces spécimens d'exception, tranchés selon leur plan de symétrie, s'ouvrent sur des alvéoles dont certaines sont comblées de sédiments alors que d'autres, restées en partie creuses, sont tapissées de cristaux. Pour l'enfant, c'était en quelque sorte comme si dans le trésor... il y avait un autre trésor !

Ammonite_section rec

Photo article Wikipédia

L'animal n'est pour rien dans la cristallisation de certaines alvéoles. Il faut en chercher la cause du côté de la chimie, des conditions de température et de pression, de leurs variations au fil de la lente transformation en empreinte de pierre du mollusque mort et de sa coquille... concours de circonstances précises si rare, qu'il justifierait le terme de "hasard".

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L'animal n'est pour rien dans la cristallisation de certaines alvéoles, mais il est par contre responsable de la fabrication de celles-ci. Les compartiments, plus justement nommés "loges" ou "chambres", constituent l'habitat de l'Ammonite au fur et à mesure de sa croissance. Seule la dernière, la plus volumineuse des loges est occupée. Aucun retour en arrière n'est possible, par contre, les chambres antérieurement habitées ne sont pas pour autant inutiles. Non, elles ne servent pas de greniers à provisions ; non, elles ne sont pas nursery comme on pourrait l'imaginer, mais plus ou moins remplies de gaz ou d'eau, elles ont le même rôle de "ballast" que les caissons permettant aux navires submersibles de descendre en plongée ou bien de remonter vers la surface.

Votre oeil curieux aura remarqué que les premières chambres de l'Ammonite sciée puis polie du cliché proposé par Wikipédia, sont remplies d'un matériau aujourd'hui dur comme pierre, bien que présentant toujours un aspect à la fois pâteux et composite.

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On retrouvera ci-dessus, dans la vue arrière de ma dernière pierre, une telle roche formant la "gangue" du fossile. Comme je l'ai écrit précédemment, cette pierre ne présente pas l'intérêt particulier d'une bonne conservation, ni même la rareté de l'espèce animale ; par contre, et c'est ce qui la rend "unique et mienne", dès le chemin de la Montagne du Single, le fossile d'Ammonite s'offrait comme enchassé dans un présentoir minéral naturel que je n'ai eu qu'à polir. Le polissage de ses 3, voire 4 faces, tout en permettant la présentation de la pierre sous 3 ou 4 angles différents, en suggère précisément l'histoire de la formation ainsi que la composition par SEDIMENTATION. Sur ces deux clichés vous discernerez des coupes de fragments de coquilles plus ou moins grosses, parfois même la courbure de valves entières. Certains reconnaîtront des sections de rostres de Bélemnites. Nous avons donc bien là une petite parcelle de fond marin où se sont déposés puis décomposés des algues et des animaux morts, où se sont entassés des morceaux de coquillages fracassés par la houle. Nous sommes donc bien là devant une sorte de "compost marin", à la fois végétal, animal et minéral, âgé de 200 millions d'années. Notons au passage que c'est ce même "compost marin" que nous foulons de nos pieds dans certains édifices prestigieux ; il est alors bien entendu très dur et poli : qui ne connait pas le COMBLANCHIEN ou la pierre de CHASSAGNE entre autres belles dalles bourguignonnes !?

"Donc ici, c'était la mer"..., aller enfant de découvertes en trouvailles..., rencontrer les restes d'animaux étranges..., en apprendre sur leurs modes de vie..., les imaginer microscopiques ou bien gigantesques..., doux ou féroces..., contemporains des dinosaures..., habiter à l'emplacement même d'une mer tropicale peu profonde..., connaître un peu plus l'histoire de sa terre... en voici déjà beaucoup pour motiver l'enfant, suffisamment jusqu'à maintenir l'adulte curieux. Et de plus, la figure géométrique de la spirale parfaite ne pouvait et ne peut encore qu'émerveiller : quel tout jeune enfant ne l'a jamais été ? ... tout d'abord devant une "vulgaire" coquille d'escargot vide apportée en cadeau à maman, ou bien à la maîtresse d'école !

La dynamique d'évolution infinie suggérée et symbolisée par la spirale n'a pas séduit qu'Archimède, les Celtes et les enfants. Elle a aussi inspiré ce logo... 

Document1

... dans lequel vous pourrez vous amuser à retrouver les silhouettes et les empreintes de notre faune.

Ce logo magnifique dont je ne connais précisément ni l'histoire, ni la composition exacte, est l'emblème de tous les Parcs Nationaux français.

Document2

Aujourd'hui, ce n'est pas d'un caillou dans ma chaussure dont je vous ai parlé, mais d'une pierre récemment trouvée sous ma semelle et qui depuis trône fièrement sur mon bureau, tantôt orientée sous un angle, tantôt sous un autre. Une pierre, mais "la dernière en date"... Voici la première parmi d'autres trouvées à NOLAY. Elle avait motivé l'enfant et mérité le polissage il y a plus de 40 ans afin de présenter la coupe longitudinale complète du rostre de Bélemnite en forme de balle de fusil dont je parlais plus haut. 

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Le rostre de Bélemnite est la partie arrière dure et lourde d'un autre céphalopode, lui servant àéquilibrer sa masse afin d'assurer sa stabilité. Ce céphalopode contemporain de l'Ammonite est également éteint ; non enroulé sa forme générale est allongée. Le rostre de ma "première pierre" mesure 10,5 centimètres et autorise à imaginer un animal long de 30 à 50 centimètres ressemblant à une seiche. Il est extrêmement rare de trouver le fossile complet d'un invertébré composé essentiellement de parties molles, et il est très rare de trouver un rostre de Bélemnite aussi complet que celui-ci. J'ai eu cette chance, enfant, mais je suis encore loin d'héberger chez moi les restes d'un MEGATEUTHYS GIGANTEA long de 3,5 mètres !   

 

©F6

10 janvier 2016

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Pour situer ma pierre dans son cadre, on peut revoir la balade en chanson là :

Le r'venant vivant - En balade, né au vent

Continuons notre promenade dans les "chansons bourguignonnes du pays de Beaune". Souvenons-nous qu'elles ont été harmonisées par Maurice EMMANUEL qui termina ce travail en 1913, alors que deux années plus tôt en 1911 disparaissait son complice collecteur Charles BIGARNE .

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Bouilland, visite de "la cathédrale" - 3/3

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Attendant sagement le printemps et la visite de quelques cryptes promise par un connaisseur du lieu, je pensais avoir fait le tour de l'édifice, mais c'était sans compter que chaque promenade dans la "Cathédrale de BOUILLAND" apporte son lot de nouvelles découvertes. Cet automne qui n'en finit pas et ce début d'hiver laborieux qui n'en est pas un, ont offert de magnifiques journées aux promeneurs. C'était encore le cas pour moi à BOUILLAND le 27 décembre 2015, et je crois bien qu'il ne se passe pas une semaine sans que Jean-Yves ne vienne profiter de la chaleur de la pierre ensoleillée qu'il équipe en solitaire en vue de futures ascensions joyeuses et partagées.

... Et puis, l'un d'entre-vous un peu facétieux aurait bien pu demander :

     - Et ça, ça se trouve  où ?

     - Et puis ça, il y en a un ?"...

1 - Roche Percée - Combe Portaut

Retournons donc dans la "Cathédrale de BOUILLAND" par le narthex de la ROCHE PERCEE, mais avant d'apporter mes réponses à des questions taquines, permettez-moi de revenir sur la formation "de parement" des falaises calcaires.

2 - Roches du Chatelet

BOUILLAND - Roches du Chatelet vues depuis le chemin de l'Abbaye Sainte Marguerite

En approchant d'un phénomène similaire à la ROCHE DUMAY quelques kilomètres plus au sud, je me suis un peu mieux représenté ce qui pouvait se passer sous nos pieds, avant d'apparaître à nos yeux sur les flancs de la roche verticale.

3 - Dépôt calcaire

50 cm en dessous du sommet de la ROCHE DUMAY, entre PULIGNY MONTRACHET et GAMAY

Il resterait tout de même à savoir si l'eau qui sourd ici à 50 cm seulement du sommet de la roche et visiblement en permanence n'a voyagé que de cette modeste hauteur par gravitation, ou alors si elle arrive de bien plus profond, poussée par la pression ?

4 - Dépôt calcaire

50 cm en dessous du sommet de la ROCHE DUMAY

Mais avant ça, l'eau de pluie se charge en gaz carbonique, tout d'abord dans l'atmosphère, puis ensuite au passage et au contact de l'activité biologique des premières couches meubles du sol en ruisselant, se faufilant, puis s'imisçant sous terre. Suivant ensuite son chemin entre les fractures, les fissures et les pores de la roche calcaire, l'eau acidifiée la dissout petit à petit en emportant avec elle le carbonate de calcium. 

Les effets de ce phénomène initial de dissolution dans l'intimité obscure et mystérieuse de la couche épaisse de sédiments calcaires marins peuvent être observés au grand air, et de manière flagrante, dans les lapiaz présentant de multiples trous et alvéoles, ou bien lissés comme s'ils avaient séjourné dans le lit d'un torrent mais sans pour autant prendre la forme de galets.

5 - Dépôt calcaire

En direct du concrétionnement : festons de calcite

Débouchant "à l'air libre", que ce soit sous terre dans une cavité, à l'extérieur à la source d'un cours d'eau, ou bien encore sur les flancs d'une falaise comme à BOUILLAND, le phénomène s'inversera. Après la DISSOLUTION de la roche calcaire, nous assisterons au CONCRETIONNEMENT par dépôt, favorisé par le dégazage, le ruissellement plus ou moins lent, et l'évaporation de cette eau chargée de minéraux.

8 - Dépôt calcaire

En direct du concrétionnement : comblement des festons de calcite

Avec cet enchaînement de phénomènes chimiques et physiques, la roche calcaire se voit dissoute, transportée et transformée dans sa forme et dans sa composition. Il en résulte :

     - les diverses concrétions cristallisées des grottes, stalactites, voiles, draperies, stalagmites...,

     - dans les endroits exposés aux ruissellements de résurgence, le parement de surface des falaises,

     - plus ou moins loin en aval de la source des cours d'eau, la formation de tuf en association avec le végétal.

(et pour une bonne part, le tartre de nos canalisations, de nos lave-linges !)

9 - Dépôt calcaire

Tout se passe donc comme si certains secteurs des falaises de BOUILLAND et d'ailleurs étaient de véritables "grottes vivantes", mais à ciel ouvert.

10 - Dépôt calcaire

C'est avec un peu de tristesse pour la paroi égratignée mais aussi avec le plaisir de la découverte que j'ai ramassé ces deux morceaux de pierre au pied de la falaise du flanc ouest de la COMBE A LA VIEILLE. J'ai bien cherchéà quels emplacements ils auraient pu se rapporter sur la roche verticale..., en vain.

IMG_8113 rec comp

L'un, le plus long, montre encore sous le comblement les mêmes festons que sur la paroi.

IMG_8116 rec comp

Et s'il fallait vraiment prouver que je ne suis pas allé mutiler une statue d'inspiration grecque dans un musée, observez bien la coupe de l'autre, le plus court, et vous remarquerez quelques lignes et couches d'accroissement.

11 - Dépôt calcaire

Tout se passe donc aussi comme si d'autres secteurs des falaises de BOUILLAND et d'ailleurs étaient de véritables tuffières, mais en miniature. Le visage de "Notre Dame de la Combe" ne serait-il pas au départ du tuf, devenu ensuite concrétion par l'effet des dépôts de ruissellement ? 

 

Après cette éprouvante "démonstration géologique", j'entends d'ici le petit malin :

     - Oui F6, tout ça, c'est bien beau..., mais moi je n'ai jamais vu une cathédrale sans cloche !?

Justement, nous y arrivons.

12 - Cascade RD

La cloche de la cathédrale de BOUILLAND est là, visible pour qui veut s'en donner la peine au fond de cette bizarre niche de dalles rectilignes.

13 - Cloche tuf

La cloche de la "cathédrale de BOUILLAND" est toujours pendue, mais pétrifiée et joliment colorée.

     - Et l'orgue alors, tu nous le montres l'orgue !?

Le voici, mais ce n'est qu'un orgue saisonnier.

IMG_0233 comp

Hep Petit malin ! Si tu étais plus sage et moins bruyant, je te montrerais même le coq du clocher...

14 - Coucou Jacquemart

... mais il s'est envolé ! 

 

©F6

 18 janvier 2016 

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Pour les retardataires :

Bouilland, ou,

"Balcons de Bouilland", ou, "Le sentier des orchidées" A Gilbert, qui, après mon père sensible et déjà bon connaisseur en matière de flore et de faune, a considérablement élargi, enrichi et documenté mon intérêt couvant pour les fleurs, les cartes, les cours d'eau, les cartes des fleurs et des cours d'eau, les récits, les récits de cartes, de fleurs et de cours d'eau...

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Bouilland, visite de

Si FONTAINEBLEAU est en France "LA MECQUE" de l'escalade, c'est une cathédrale que le Grand Ordonnateur des Reliefs lui a bâti à BOUILLAND. Vue sur la face ouest de la COMBE A LA VIEILLE : le choeur et ses deux chapelles (GRAND CIRQUE à gauche, PETIT CIRQUE à droite) Muni d'une paire de bonnes chaussures et disposant d'une journée, le promeneur ne pourra en faire qu'un tour approximatif.

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Bouilland, visite de

Photo de Pierre BONNET depuis sa montgolfière en vol - vue sur la COMBE A LA VIEILLE : le choeur et ses deux chapelles, PETIT CIRQUE et GRAND CIRQUE, le déambulatoire au pied des roches - CLIC (Pierre et Christiane BONNET - Air Escargot) Toute cathédrale fait l'admiration des passants pour ses dentelles de pierre ; BOUILLAND n'échappe pas à la règle.

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 Et chez Jean-Yves :

escalade en pays beaunois

Belle ambiance hivernale cette aprem, et j'aime bien ça. C'est l'occase de retourner au "mur Bowie" : - La première voie est percée : elle se termine dans un bien beau crépi !

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Bise noire, bise bleue, bise blanche, bise de soleil le long du Risoux

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     - Je ne sais pas pourquoi, ça fait pourtant 10 ans, mais je m'arrête encore et je prends des photos..., toujours les mêmes !

     - Moi je sais pourquoi, c'est parce que c'est très très beau Coco..., et peut-être bien aussi parce que tu ne paies plus ni pellicule, ni développement, ni tirage.

Coco, vous le connaissez, c'est Christian qui gère le gîte-refuge "Chez l'Aîmée"à CHAPELLE-DES-BOIS. Ainsi exprimait-il à nouveau le bonheur de vivre et travailler ici, au coeur du MASSIF DU JURA chaque hiver. C'était au moment du repas, quand chaque convive à tour de rôle abat et commente sa carte dans la partie de "bataille de paysages". Nous y avons chacun nos "atouts" et, à ce jeu pacifique, tous repartent avec quelques plis en poche sous forme de conseils et d'envies.

Moi, je me retrouve devant mes photos comme face au tourniquet des cartes postales de la boutique à souvenirs, ne sachant pas laquelle choisir pour Grand-maman... Alors, à vos lunettes, de vue et de soleil, la sélection est faite, mais "la carte" reste copieuse !

3 - Carte iti comp

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Une "fenêtre météo" prévue sans intempérie conséquente avec un jour ou deux de grand beau temps, ainsi qu'un enneigement suffisant, sont propices à un projet d'itinérance hivernale 4 années déjà après la première expérience. Connaissant mieux le terrain et les conditions, je calibrerai 4 jours de marche avec raquettes, kilométrages modestes, 3 hébergements dont 2 me sont connus, un sac à dos concentré ne dépassant pas 10 kilogrammes. La moitié de l'itinéraire environ est prévue sur le tracé de la Grande Traversée du Jura (GTJ), le reste emprunte des sentiers raquettes balisés par les régies de CHAUX-NEUVE et CHAPELLE-DES-BOIS.   

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Mercredi 20 janvier, 11 heures 30, je laisse mon véhicule et prends le départ de la première étape à CHAUX-NEUVE à 993 m d'altitude. En côte prononcée, dans la brume persistante et humide, chausser les raquettes est tout de suite nécessaire car si l'itinéraire semble bien balisé, la trace est à faire. J'enfonce d'à peu près 30 à 40 centimètres dans une épaisseur de neige encore récente, fraîche et légère, ne dépassant pas 50 centimètres. La pointe des bâtons vient parfois sonner sur le rocher du sentier. Ouvrir la piste est plaisant comme plonger le premier à la piscine dans une eau sans rides, sauf que là, dans la neige, tout est à faire et refaire à chaque pas. Plaisant, puis essoufflant et fatigant, mais plaisant ! La largeur de l'itinéraire varie selon qu'il emprunte un sentier étroit, un chemin agricole ou bien une piste forestière, et certains ne figurent pas sur la carte IGN. C'est la deuxième fois que je passe ici, mes souvenirs anciens s'estompent petit à petit dans la brume jusqu'à pratiquement disparaître dans le brouillard à la ferme isolée des Fourgs. Le plan des pistes qui ne mentionne pas ce carrefour n'est d'aucune utilitéà l'orientation.

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Il est déjà 14h, je ne reconnais pas vraiment l'endroit. Le brouillard est devenu si épais qu'entre deux marques de balisage il y a quelques dizaines de mètres d'incertitude. Certes, la nuit n'est pas encore proche, mais je ne m'accorde plus que 30 minutes de progression dans cette direction. Si toutefois après ce délai j'étais encore sans indication précise de PRE PONCET, je déciderais alors de rebrousser chemin. 

Visibilité et souvenirs réduits, carte "muette" ou trop bavarde..., heureusement que le balisage un peu lâche dans le secteur s'est vite ressaisi, annonçant PRE PONCET explicitement, à 2 kilomètres sur les 6 que comporte le trajet depuis CHAUX-NEUVE.

A 1150 mètres d'altitude PRE PONCET est le domaine de ski de fond le plus enneigé, le plus tôt et le plus durablement du HAUT-DOUBS. L'arrêt à la "salle hors-sac" donne l'occasion de discuter du sentier avec l'employé de la régie chargé du balisage. Je connais mieux la suite qui ne m'inquièterait pas, même de nuit ou par visibilité réduite. Ordinairement plus fréquenté, l'itinéraire prévu emprunte les boucles tracées au départ du parking.    

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Les pistes de balade en raquettes sont balisées de fanions qui pendent des arbres et de jalons plantés dans le sol. Fanions et jalons sont de couleur jaune ; arrivéà leur hauteur, on est censé voir le suivant. Ce principe, strictement respecté par les traceurs, est bien évidemment mis à mal par la nuit, par le brouillard, plus encore par les deux réunis, sans parler de la tempête de neige qu'il est coutume de subir ici quelques fois chaque hiver. Le temps s'éclaircit et je n'ai donc vraiment plus rien à craindre.

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Contrairement aux apparences et aux pistes des skieurs de fond, les sentiers raquettes ne sont pas tracés par des engins. Seuls les passages de randonneurs tassent, creusent et calibrent en largeur de si jolis cheminements. Les fontes, les épisodes de gel et les chutes de neige successives, garantissent leur permanence durant quelques semaines, parfois quelques mois. La marche en raquettes réduit le risque d'enfoncement et assure l'accroche en montée comme en descente, si bien qu'il peut même paraître surprenant de pouvoir descendre en toute sécurité face à des pentes raides. Les anciens skieurs en sont surpris, un peu chagrinés les premiers temps tant ils seraient prêts à renouer à ce moment-là avec des sensations de glisse.

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Passé PRE PONCET, il faut encore monter un peu en altitude dans une forêt plus clairsemée, avant de plonger sur le site ouvert de la COMBE DES CIVES. Arrivéà ce point de l'itinéraire, on retrouve l'axe et la direction nord-est / sud-ouest du MASSIF DU RISOUX, vous savez, celui des cabanes et refuges forestiers suisses déjà plusieurs fois décrit ici. Cette COMBE DES CIVES qui peut prendre par mauvais temps une triste mine de couloir froid et venteux, éprouvant skieurs, marcheurs, et cyclos, remplira bien plus souvent ces mêmes personnes du bonheur du randonneur. Patientez donc un peu jusqu'à demain pour voir ça ! Pour l'heure, et à défaut d'une COMBE DES CIVES lumineuse, je me contenterai d'en finir de cette journée de marche grise et brumeuse avec deux belles apparitions  :

     - plusieurs traîneaux à chiens des Equipages ADAM'S,

     - le gîte-refuge, la Maison de la Combe des Cives.  

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Afin de ne pas encombrer la maison en arrivant trop tôt, je marcherai un peu plus pour revenir sur mes pas et me présenter peu après 16h auprès de mes hôtes. Le calibrage des étapes entre 10 et 13 kilomètres est suffisant pour un effort réel et endurant dans le froid d'une durée de 4 à 6 heures pause comprise. Rien ne presse, chaque jour s'allonge un peu plus de quelques minutes, flagrantes par grand beau temps. On a le temps de le prendre, pour soi, pour se reposer, lire, échanger, photographier, visiter.

La Maison de la Combe des Cives est une vaste demeure plus haute que les fermes traditionnelles. Je ne serais pas surpris qu'ainsi placée au beau milieu de la longue combe, elle ait été relais postal autrefois... à vérifier ?! L'accueil est simple, efficace, et discrètement chaleureux. L'intérieur de la maison marie la durabilité de boiseries anciennes traditionnelles à la belle rénovation dans le ton, soulignée de peintures sur bois animalières ou florales. Je suis seul pensionnaire en itinérance. Un petit groupe de cinq jeunes adultes handicapés accompagnés de deux éducateurs, et une tablée de huit amis sportifs bien plus âgés séjournent quelques jours. François me proposera de partager la table de Ghislaine, pensionnaire sportive résidant ici 4 jours pendant que son époux glisse à skis sur les traces de la Grande Traversée du Jura. Offrir une chambre propre, confortable et chauffée, un souper copieux et régional, un petit-déjeuner complet pour 41 €, bien au-delà de la simple politesse mérite des remerciements et un "au revoir" sincères.  

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8 - Combe des cives - vue en direction du sud, de CHAPELLE-DES-BOIS

Vu de la fenêtre de ma chambre au petit matin, le voile de la veille s'est dissous et le soleil fait son entrée, déroulant précautionneusement son tapis lumineux prometteur sur la froide combe.

"Le voile de la veille s'est dissous"... pas tout à fait ! J'avais bien constaté hier que la crête du Risoux était plus austère, noyée dans le froid, le brouillard et l'humidité jusqu'à contribuer à accentuer l'inquiétude du marcheur. S'il y a bien dissolution là, il y a aussi sombre concentration ailleurs ! En effet, je suis surpris de constater que toute la longueur de la ligne de crête du Risoux est coiffée et rehaussée d'un long béret gris foncé. Coco (Christian), alors que j'abattais cette carte "Béret gris Combe des Cives - Risoux"  au cours de la partie de "bataille de paysages" le soir au repas, a répondu :

     - Ben oui, les Chapelands appellent ça "la bise noire du Risoux" ! Inquiétante au départ, elle finit par se disperser au fil de la journée.  

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9 - Combe des Cives - vue en direction du nord - Maison de la Combe au centre - écomusée La maison Michaud à droite

Les clichés ci-dessus en attestent, la "bise noire du Risoux" se disperse bien en commençant par le nord. Tout se passe comme si, du coeur de la nuit à la fin de matinée, un souffle léger entreprenait d'abord de balayer méthodiquement le fond de la combe par petits revers d'ouest en est, repoussant et amassant bancs, écharpes, paquets de brumes et de brouillards sur le plateau du Risoux, pour ensuite les pousser méticuleusement dans une pelle située à CHAPELLE-DES-BOIS, BELLEFONTAINE ou même MORBIER encore plus loin au sud. Pour l'heure, 10h45, et pour le reste de la journée ensoleillée, la COMBE DES CIVES déploie toutes ses beautés de blancheurs bleutées sous les yeux des passants charmés.

Imaginez-la fleurie et verdoyante au printemps..., bronzée et tachée de hêtres roux à l'automne... et vous comprendrez qu'on donne ici régulièrement rendez-vous à Dame Nature !

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Parti à 10h30, tout en marchant en direction de CHAPELLE-DES-BOIS, j'assiste à ce ménage céleste ne sachant pas qu'en attendre de bon ou de moins bon. Dans la combe, les pistes de ski sont jalonnées une bonne fois pour toute la saison, et la toilette y est aussi quotidienne, mais bien moins silencieuse et discrète. Par contre, elle est beaucoup plus rapide et très efficace : en un passage de dameuse, la neige est brutalement tirée de son sommeil, frictionnée, grattée, moulinée pour être finalement plaquée au sol, peignée "la raie au milieu", sans épis ni mèche rebelle. Les cheminements raquettes ou chiens de traîneaux sont plus libres et fantaisistes. Quand il leur arrive d'emprunter une piste de ski, il est conseillé d'en bien longer le bord afin de ne pas gêner les skieurs pressés d'en découdre avec leurs aiguilles, sur LEURS traces damées-peignées. Avant d'entrer dans le village de CHAPELLE-DES-BOIS au lieu de s'y rendre au plus court, la piste raquettes grimpe et promène en forêt pour mieux offrir la surprise du clocher à bulbe.

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En lisière immédiate du village, sur une table pique-nique du chalet de départ des pistes, je tirerai au soleil mes frugales victuailles du fond du sac. Etonnante rencontre imprévue : Isabelle et Philippe venant de l'Orléanais, croisés chez Coco il n'y a qu'un mois sont à nouveau là ! Cette fois, ce n'est plus la cabane suisse "GARE DU NORD" qu'ils cherchent en chaussures de randonnée, mais les plaisirs de la glisse à skis. Après de brefs rafraîchissements de mémoire, nous reprenons le temps de la collation une conversation quasiment là où nous l'avions laissée il y a un mois, quelques atouts en plus dans nos jeux respectifs. 

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12 - Hêtre sommital solitaire (très photographié parait-il !)

Nous nous séparons chacun pour sa balade et pour mieux nous retrouver ce soir autour du repas, plus riches des paysages de l'après-midi. D'un pas plus léger, je découvre une nouvelle boucle de 5 kilomètres au sud-ouest du village. La trace plusieurs fois empruntée, est si bien tassée sans être verglacée, qu'y marcher ne nécessite pas l'usage des raquettes. Le point de vue sur le MASSIF DU RISOUX et ses roches est splendide... invitation "obligatoire" à l'orientation et à la lecture de paysage. On retrouve làétalés sous les yeux, certes la frontière suisse, un petit reste de poussières nuageuses que la bise légère finit de pousser dans la pelle, mais aussi et surtout le panorama des lieux-dits connus qu'on se plait à retrouver : la croix de ROCHE CHAMPION, le GÎT DE L'ECHELLE, les stèles aux enfants juifs sauvés de la barbarie nazie, les directions de CHALET CAPT de GARE DU NORD et du GY LOUIS, et, plus modeste à droite, ROCHE BERNARD au pied de laquelle je dormirai ce soir chez Coco. Seuls se dérobent à la vue le LAC DES MORTES et le LAC DE BELLEFONTAINE dans le creux. Ce n'est que justice, il faut bien qu'ils puissent se reposer un peu d'être tant admirés ! Les lacs se cachent, mais dans leur direction, si nombreuses l'été et très abritées l'hiver, une par une, lentement comme éblouies par la réverbération du soleil sur la neige, sortent les vaches montbéliardes de l'étable. Ce doit être, après la traite, l'heure de la récré !

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Après la boucle des "CHAMPS NOUVEAUX", passage obligé par le village pour prendre la direction du Gîte-refuge "Chez l'Aîmée". La route enneigée fait office de piste quelques dizaines de mètres pour éviter la zone de tourbières du CIMETIERE DES PESTIFERES de 1639, et enfin revient la sente étroite, taillée pour suivre la lisière de la forêt. Juste avant de m'engager sous le couvert des arbres, je ne manquerai pas de m'arrêter à cet autre point de vue depuis la ferme de LA MADONE pour y tenter à nouveau le même cliché qu'il y a 4 ans. Mais cette fois, mon regard portera plus loin, il cherchera à situer le PRE D'HAUT, l'escale du lendemain noyée à l'horizon sur un sommet de la FORÊT DU MONT NOIR.

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14 - Vue sur CHAPELLE-DES-BOIS depuis LA MADONE (16h)

En lieu et place des 2000 billons de "bois de lune" que les enquêteurs suisses du grand procès du Risoux avaient découverts en 1750 gisant au pied des roches "chez les bourguignons", c'est plutôt du "bois de neige" qui se dresse fièrement verticalement.   

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Deux heures plus tard, ressortant de "Chez l'Aîmée" pour le double spectacle du coucher de soleil et du lever de lune, ce sera toujours le "bois de neige" qui nous enchantera, mais d'une bien plus chaude couleur. Aujourd'hui la neige aura revêtu des teintes gris sombre, bleu profond, bleu lumineux, blanc éclatant, orangé, avant de s'endormir d'un noir ruisselant de pleine lune.

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Bataille de paysages, belote de sensations, apéro de mots et de fines tranches de morteau, tiercé des saveurs, dés de comté, atouts Risoux, dix de der, le p'tit au bout..., les conversations vont bon train et la banane va bien au velouté de potiron, aussi bien que la sauce soja va à l'émincé de dinde ! Neuf convives à table..., sobres. Il parait que certains ont fait la veille dégustations comparées d'absinthes suisses, françaises, blanches, vertes, jaunes... !  

Froide, on dit -14°... mais le thermomètre est cassé ! La nuit était froide c'est sûr, préservant encore un peu un manteau neigeux si fin, qu'il aura bien du mal à demeurer longtemps sous-couche si précieuse !

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17 - CHAPELLE-DES-BOIS et bois givrés - vus de LA MADONE (11h)

"Au revoir..., à bientôt..., à la prochaine..., salut..., le dernier qui part donne un tour de verrou".

Départ à 10h30 sur le même sentier que je prolongerai par celui du BALCON DU VILLAGE. La couche de neige d'une épaisseur de 50 centimètres suffit, mais pour combien de temps ? Elle est tombée sur un sol à nu il n'y a que deux semaines environ, et n'a pas subi les épisodes de fonte partielle, de gel et de nouvelles chutes permettant d'assurer l'enneigement durable garant de la satisfaction et de la fréquentation des skieurs. Et pourtant, encore "neuve", qu'elle est belle cette neige qui donne si fière allure aux pistes !

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C'est cette jeune neige qui souligne joliment les méandres du ruisseau des Mortes serpentant dans les tourbières. Hors période d'enneigement le petit cours d'eau se distingue à peine, dissimulé sous les hautes herbes ployées. 

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La piste raquettes BALCON DU VILLAGE que je découvre charmante et bien nommée, prolonge en lisière de forêt celle qui vient de "Chez l'Aîmée". Elle me conduira au même endroit qu'hier pour le casse-croûte frugal habituel.

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Pour le plaisir des fondeurs sans doute, mais certainement aussi pour tasser une sous-couche en prévision de l'événement, le tracééphémère de la course nordique La Transjurassienne est jalonné et damé. L'enneigement sera-t-il suffisant les 13 et 14 février prochains ? Après une nuit froide, à la faveur d'un ensoleillement généreux les températures monteront dans la journée jusqu'à ce que l'or blanc prenne en fin d'après-midi la texture "purée humide" de neige de printemps.

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Un dernier regard sur le panorama du Risoux avant de lui tourner le dos, et j'aborde la montée vers le refuge du PRE D'HAUT. L'endroit isolé, perché sur le MONT NOIR fait face au massif franco-suisse, et au-delà, à celui du MONT BLANC qu'on admire par temps dégagé. On n'y accède qu'à skis ou raquettes ; les routes forestières montant de CHAPELLE-DES-BOIS ou bien de FONCINE-LE-HAUT servant l'hiver de support aux pistes.

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Georges son gérant, m'avait prévenu que quelqu'un d'autre serait là ce soir pour m'accueillir. Après avoir servi 60 repas aux skieurs et marcheurs de passage, une bonne journée, il est descendu dans l'après-midi à skis avec sa pulka comme tous les 3 jours pour assurer le ravitaillement du refuge. Il ne remontera chargé de victuailles que demain matin à la première heure. Le refuge du PRE D'HAUT contraste avec ceux des jours précédents par son confort sommaire et sa situation à l'écart des axes de circulation. Il est cependant ouvert à dates fixes du 20 décembre au 20 mars, neige ou pas. L'eau pompée d'une citerne de récupération de la pluie n'est pas potable, elle ne sert qu'à une toilette "de chat", et bouillie, aux besoins de la cuisine. Le peu d'électricité provient de panneaux solaires qui suffisent largement à alimenter quelques éclairages à diodes électro-luminescentes. Le peu de chaleur est diffusé parcimonieusement par un petit poêle à bois complété efficacement par un bon pull, l'amitié et éventuellement une petite eau de vie, mais "justine p'tite goutte alors" !  

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C'est Francis, le frère de Georges qui m'accueille. Nous passerons le repas et la soirée, à lire et échanger sagement tous les deux, et ce ne sont pas nos ronflements qui ont ébranlé jusqu'à l'avalanche la neige du toit, mais bien le dégel. Le dortoir d'une vingtaine de places est situé juste au dessus de la salle et du poêle, néanmoins, mieux vaut compter sur plusieurs épaisseurs de couvertures pour supporter le froid mordant du lieu. M'aventurant dehors à 4 heures du matin pour un petit pipi, je pense qu'il devait faire plus chaud en plein air qu'à l'intérieur ! Au petit matin à 8 heures, Georges est là avec les provisions de quelques jours, accompagné d'un crachin et d'une brume peu engageants.   

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Samedi 23 janvier, le chemin du retour conduit d'abord à PRE PONCET avant de reprendre jusqu'à CHAUX-NEUVE le même itinéraire que Mercredi. Je retrouverai la trace à peu près dans l'état dans lequel je l'avais tassée il y a 4 jours, mais beaucoup plus "liquide". Personne d'autre que moi, mis à part quelques lièvres, sangliers, chamois et chats sauvages ne l'a empruntée chaussé de raquettes. 

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Parti à 8h30 sous le crachin et dans la brume du PRE D'HAUT, je verrai CHAUX-NEUVE s'étirer puis s'extraire de sa couette blanche vaporeuse à 12h15 seulement, mais pour s'épanouir sans minauder et faire la belle au grand soleil. Neige et soleil étaient sans doute très espérés par les organisateurs et les concurents de l'étape de coupe du monde de Combiné Nordique (saut à skis, et course de ski de fond) se déroulant tout le week-end ici. Je retrouverai mon fourgon non sans peine dans un village encombré de voitures de supporters !

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Stationner un véhicule quelques jours de suite en hiver en montagne, c'est courir le risque de le retrouver..., ou pas, enseveli sous une épaisse couche de neige.

Au pied d'un MASSIF DU RISOUX recouvert de son immense et remarquable étendue forestière, s'ajoute le risque de voir l'engin roulant comme fossilisé, non pas en pierre, mais en bois... de lune... de soleil... ou de neige !

 

©F6

 29 janvier 2016 

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CHAGNY : pas d'art ménagé ! (2/?)

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Sous le pseudonyme "Mouise Lichel", un lecteur de passage ici réouvrait et commentait une page ancienne :

"Octagon for Saint Eloi", de l'art, et du lourd !

Hélène , et son homme m'ont épaté qui, sans avoir la moindre idée au départ, ont trouvé l'auteur du truc et avancé une théorie des nombres ; peut-être même ont-ils localisé le machin !? ... et que ceci n'est pas un urinoir... ...

http://f6mig.canalblog.com

Les habitants de CHAGNY (chagnotins), dont sans doute certains ont une pierre dans leur jardin et d'autres un caillou dans leur chaussure, partagent tous un "boulon" sur leur place : "Octagon for Saint Eloi". Tout au long de cet article, je m'étais efforcé de ne pas en dresser un portrait trop discourtois.

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Poussé par la curiosité, j'étais allé jusqu'à présenter succinctement d'autres réalisations de Richard SERRA, et j'osais même avancer quelques arguments "ludo-poétiques" en faveur de cette forme d'art contemporain monumental : "... Tel le kaléidoscope que l'enfant fait tourner devant son œil, à chaque degré de rotation émerveillé du chatoiement de couleurs et de formes différentes, la promenade au cœur d'œuvres monumentales n’est pas un simple spectacle. Le spectateur, dont parle Richard SERRA, est également l'acteur de sa visite, créant son propre spectacle unique et changeant de formes, d'ombres, et de sensations mouvantes, en nombre infini résultant de la multiplication savante de : la déambulation personnelle x la couleur du ciel x l'angle et l'intensité de la lumière x les sons renvoyés x les températures variant x l'état émotionnel importé du promeneur x l'état émotionnel créé par l'oeuvre, sa taille, son mystère x les jeux et les rires des enfants, d'autres visiteurs x ... : toutes choses que ne saurait offrir Octagon, le boulon de CHAGNY."

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Gardant à distance le ton et les éléments méprisants du propos de "Mouise Lichel", je ne relèverai qu'une affirmation énigmatique et un reproche infondé  : 

     - "l'art n'est pas fait pour faire beau, mais pour transmettre de l'énergie (de l'émotion ? Du voir ?)" 

     - "évite de confondre art et marché de l'art" 

afin de le  questionner.

     - "Mouise Lichel", explique-nous quelles énergies te transmet, et quelles émotions te procure la contemplation d'Octagon ?

     - "Mouise Lichel", informe-nous du coût (et de la cote) exact d'Octagon, ainsi que de l'identité précise du débité ?

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"En balade, né au vent" n'est qu'un endroit décrivant des promenades. Il explore, tente d'expliquer ou bien s'émeut de quelques curiosités le plus souvent naturelles... rien de plus en somme qu'un album de cartes postales un peu rédigées, généreusement partagées, puis chaleureusement honorées d'échanges et d'invitations. Laissant de côté ce mauvais procès en lèse-art, je remercie aujourd'hui "Mouise Lichel" de me donner l'envie et l'occasion de parcourir à nouveau avec vous quelques rues de CHAGNY.

"CHAGNY n'est pas d'art ménagé" : Monom, auteur du "Blog de la vie courante en Chine" (lien en bas de page), a le mot "tout juste" et "fort bon". Ce titre pourrait me permettre au fil du temps de vous offrir à voir, à aimer ou pas, à dire, médire ou maudire : c'est planté là, ça ne sert à rien, à rien d'autre autant le dire, et on appelle ça de l'art.

Si CHAGNY est propriétaire de quelques oeuvres indéboulonnables, elle s'efforce aussi d'être ville d'exposition permanente, mais de durée limitée. Sans doute faut-il comprendre que la ville n'achète pas, enfin pas tout, et qu'elle offre le gîte à des oeuvres dont l'artiste, auteur et propriétaire, économise du coup le garage et la publicité tout en espérant une vente. A CHAGNY, le service culturel a baptisé cette opération "Tapis rouge". Notons au passage que cette pratique tend à se répandre. Depuis octobre 2014 on peut contempler une vingtaine d'oeuvres monumentales du sculpteur d'origine belge Peter MEYERS dispersées dans la bourgade. Deux d'entre elles ont été acquises par la ville, les autres sont à acheter.

Au centre-ville, entre immeubles HLM et supermarché, Monsieur et Madame observent les passants qui vont et reviennent de leurs emplettes. Ceux-ci sont réalisés à l'échelle 1, en plaques d'acier corten "auto-patinéà corrosion superficielle forcée" très en vogue dans nos contrées actuellement. Les plaques d'acier qui ressemblent à de simples chutes retirées du rebus, sont très certainement précisément calibrées, ajustées, cintrées, mises en forme pour être ensuite soudées. 

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Monsieur me fait penser à une sorte de Don Quichotte hautain, et je crois entendre Madame dire : 

     - Chéri, n'oublie pas d'acheter une grosse boîte de petits-pois pour ce soir.

... A moins que tous deux ne soient d'élégants danseurs ?

Si j'étais père de famille habitant l'immeuble voisin, tout en recommandant à mes enfants de ne pas jouer autour et dans les gens de tôle, chaque matin je vérifierais angoissé leur carnet de vaccination anti-tétanique.

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Deux cent mètres plus loin se dresse fièrement le coq emblème de notre pays. En complément de ce qu'en dit Coluche et que vous savez tous, je connais certains mâles gallinacés comme de fieffés bagarreurs ! 5 à 6 fois plus gros que l'original de griffes et de bec, celui-ci reproduit est impressionnant, mais pacifique. Bien que son perchoir ne soit pas très coquet, il est de mon point de vue la plus réussie des sculptures de vide embalé de tôle de CHAGNY.   

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Ailleurs emblème de la France, cet animal là pourrait être ici aussi celui du Maître-queux local de renommée internationale. 

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Je ne sais pas si vous aussi avez remarqué ? Depuis deux ou trois décennies, depuis qu'on préfère articuler notre circulation automobile de ronds-points plutôt que de la figer aux feux tricolores, nous tournons très fréquemment autour de nouveaux espaces muséographiques. Certains ne sont que plates-bandes fleuries circulaires, mais bon nombre, entretenus à grand renfort d'ouvriers paysagistes, sont ornés d'oeuvres plus ou moins anonymes, plus ou moins municipales. A la sortie de CHAGNY, entre supermarché, collège Louise Michel et gendarmerie, les bonshommes en pots de fleur de terre cuite enchâssés les uns dans les autres ont cédé le rond-point à un autre couple de tôle.

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Et ce couple de tôle abrité des intempéries sous de longues capelines, Madame courbée derrière Monsieur, pourrait bien être un couple de vignerons si j'en juge par la coiffe à l'aspect traditionnel.

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On trouvera ailleurs, au centre de villages viticoles réputés, des représentations vigneronnes plus réalistes, plus gaies... et, disons-le franchement... bien plus belles. 

Autre volatile, autres emblèmes ?

Depuis son îlot séparateur, cette corneille à la posture agressive "hitchkockienne" indique-t-elle le cimetière au long mur...

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... ou bien le refuge de la SPA ? 

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Je ne connais de Peter MEYERS que cette technique rudimentaire de plaques-art, mais je crois pouvoir affirmer que, si j'étais mon beau-père méca-magicien en réparation de 4L, 2CV, Tub Citroën, Estafettes Renault... et grand maître ès soudure, je tiendrais ce travail en petite estime. Pépé Pierre avait soudé un jour 4 outils dressés en pyramide autour des mâchoires sur un tambour de frein faisant socle, puis recouvert l'ensemble de peinture dorée. Un tournevis, une paire de pinces universelles, une clé de 13, une paire de tenailles, soit, à peu de choses près les 4 seuls outils nécessaires et suffisants pour réparer une 2CV. Quelques jours plus tard, le soir de l'arrosage du  départ à la retraite, il avait offert  le trophée symbolique des 4 seuls outils dont s'était servi son vieux copain Marcel une vie de fonctionnaire-mécanicien des PTT durant... à peu de choses près. Quelques années plus tard, Marcel dont la vieille 2CV était en délicatesse question freinage, fit très bien la part du futile et de l'utile. Il descendit le trophée-oeuvred'art-nidàpoussière trônant sur la cheminée, dessouda l'ensemble, puis remonta les mâchoires de frein dorées pas neuves, mais pas fichues, à une plus juste place ! L'histoire ne dit pas s'il rebaptisa sa Titine "Golden brake" ?! 

Vous qui connaissez maintenant un peu mieux "CHAGNY ville d'art", devinerez-vous où se cache l'oeuvre d'art contemporain dans le cliché suivant ? 

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 Réponse et explications dans un prochain article !

 

©F6

 21 mars 2016 

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Pour de longues promenades dépaysantes en CHINE avec Monom :

Blog de la vie courante en Chine, Pékin et environs

1_ Aujourd'hui journée nationale des femmes, même en Chine, même si on y voit rien. Alors toutes ces fleurs sont pour vous, copiez ces photos comme vous le voulez c'est cadeau. Mais t'emballes pas, laisse-moi aussi t'expliquer la version chinoise du nom de cette journée. _2_ 38 c'est le 8 mars en chinois.

http://blogenchine.canalblog.com

Pour voir encore un peu d'acier soudé de Peter MEYERS ici, mais ailleurs :

MORVAN : Vie aux vaches ! - En balade, né au vent

C'est l'article de ce jour d', "fière d'être Bourguignonne, Morvandelle..." qui m'incite à importer une série MORVAN - aujourd'hui "Vie aux vaches". Tant du côté maternel que paternel, j'ai des racines morvandelles. Le sens de cette phrase tombée dans mon oreille d'enfant, tournée et retournée au long de nombreux kilomètres de marche et de bicyclette dans cette région d'en France, reste encore énigmatique.

http://f6mig.canalblog.com

Pour connaître un peu plus le travail dePeter MEYERS :


 

CHAGNY : "Octagon for Saint Eloi", un beau jour... (3/?)

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Sous l'écrin d'un ciel radieux avec les températures printannières de cette veille de Pâques 2016, "Octagon for Saint Eloi" pourrait redorer sa réputation.

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C'est la première fois que je le vois ainsi, plus lumineux que sous un ciel bas et lourd. Les circonstances célestes bienvenues ne profitent d'ailleurs pas qu'à l'oeuvre de Richard SERRA seule ; toute la place en bénéficie, tout au moins quelques-uns des édifices les moins sales.

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"De la poule ou de l'oeuf, qui fut le premier sur terre ?", si la réponse à ce paradoxe pourrait avoir de quoi alimenter des conversations aussi interminables qu'inutiles, il est certain qu'Octagon né d'imagination n'a pas toujours été là au centre de la place de CHAGNY, face à l'église Saint Martin.

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Après près de 30 annés de vide au centre de la place, Octagon est venu réoccuper en 1991 l'emplacement d'une croix à double-faces, elle-même "déplacée dans les années 1960 à l'occasion de la destruction d'un immeuble vétuste ayant servi de mairie pendant la révolution de 1789".

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Malgré la place laissée vide, la croix double-faces à la symbolique catholique populaire n'a pas retrouvé son emplacement d'origine. On lui a préféré Octagon à grand renfort d'arguments éloignés des pratiques religieuses habituelles, dont certains numérologiques frisent l'ésotérisme.

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Comme s'il feignait d'ignorer la primeure historique de la croix à cet emplacement en utilisant à son sujet l'article indéfini "une", le site de la Ville de CHAGNY dit toujours : "L’octagon est placé dans l’axe de l’église à 13 mètres du porche de l’église, qui est lui-même placéà 13 mètres de l’autel (13 étant un nombre symbolique). La sculpture est donc décentrée par rapport à la place, dans l’axe d’une croix de pierre située sur l’un de ses côtés".  

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On aura toutefois :

     - ménagé la Croix de pierre en lui offrant un rétroviseur consolateur qui lui permet chaque heure du jour d'apercevoir son ancienne demeure... à moins qu'il ne s'agisse d'un miroir à interroger : "miroir, oh mon miroir, est-ce bien vrai qu'Octagon est plus beau que moi ?",

     - et tenté de réunir des justificatifs de bric et de broc, allant même jusqu'à convoquer la mémoire de la métallurgie, Saint Eloi son saint patron, et les aciéries voisines du CREUSOT.

Pas sûr du tout qu'Octagon aurait pu occuper aussi facilement cette place de choix devant l'église d'une région plus fervente..., par exemple en Bretagne, en Alsace ou bien en Savoie !?

En cette veille de Pâques, le coquin qui tend l'oreille entendra même Monsieur Pigeon roucouler aux oreilles de sa belle :

     - Chérie, c'est toi qui a pondu ça ?

     - Ben non, c'est Richard SERRA !

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©F6

 

 27 mars 2016 

 

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Pour mémoire :

"Octagon for Saint Eloi", de l'art, et du lourd !

Hélène , et son homme m'ont épaté qui, sans avoir la moindre idée au départ, ont trouvé l'auteur du truc et avancé une théorie des nombres ; peut-être même ont-ils localisé le machin !? ... et que ceci n'est pas un urinoir... ...

http://f6mig.canalblog.com

 

CHAGNY : anim'art (4/?)

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De passage samedi à CHAGNY, je profitais du grand beau temps pour tirer quelques portraits plus gais d'Octagon, et pour pister les oeuvres d'art conteporain que je ne connaitrais pas encore, dispersées dans la petite bourgade . 

"Bonne pioche"à tous points de vue ! Mais restons aujourd'hui en compagnie de Peter MEYERS, qui, ici, a "statue sur rue".

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La Corneille à l'allure effrayante hitchkockienne a disparu et n'est pas (encore) remplacée.

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"Mis à prix à 30 000 €, la ville a eu le Coq pour 20 000" m'a-t-on appris.

J'avais pourtant dit aux enfants de ne pas jouer autour et dans les statues de tôle ! Le Coq monumental est plus belliqueux qu'il n'y parait : il aurait blessé l'un d'eux récemment de la pointe de la plus longue plume de sa queue.

Alors que toutes les oeuvres de Peter MEYERS sont réalisées pour braver les intempéries, les Chats également acquis par CHAGNY sont remisés à l'intérieur de l'Hôtel de Ville. Je devrai donc revenir aux heures d'ouverture pour faire leur connaissance.

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Aux abords de la crèche, un Paon de mur surveille les bébés de ses yeux vides. Les enfants ne sont heureusement pas assez grands pour se pendre à son cou.

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En lieu et place de Monsieur et Madame, entre immeubles et supermarché, l'Âne est là et y reste, mais je n'ai pas bien entendu s'il brait ou rit...

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 ... en écho à l'éléphant barissant du cirque qui passe !

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CHAGNY, qui n'est pas d'art ménagé on le constate à nouveau aujourd'hui et demain encore..., 

ne manque pas d'art ménagerie !

©F6

 28 mars 2016 

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CHAGNY : un phare à mots (5/?)

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Quittons le métal rouillé muet pour aborder aujourd'hui une oeuvre bavarde faite de mots au bord de l'eau. Mais avant de rejoindre CHAGNY, je vous propose un petit détour rendu possible par la diffusion magique et instantanée des informations.

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Cliché emprunté sur internet

CALAIS n'est pas célèbre seulement pour ses tristes jungles, l'extrémité du tunnel sous la MANCHE, ses dentelles et ses bourgeois... Non, CALAIS est célèbre, ou plutôt l'a été un moment pour sa jetée ouest, plus exactement pour son phare et plus précisément pour ce qu'on a pu y lire... un temps seulement.

En réflexion, sinon en "délicatesse" avec "l'art de la peinture académique", de 1960 à 1968 Lawrence WEINER "sème" au long d'une traversée des ETATS-UNIS une conception minimaliste de l'art : "petites structures abandonnées au bord de la route". Puis viennent, une exposition à coups d'explosifs dans un parc national, la reproduction peinte en nombre de la mire de la télévision... jusqu'à ce que des étudiants furieux de ne rien comprendre, détruisent l'oeuvre "Agrafes, Piquets, Corde, Gazon" installée pour une exposition collective dans une université du VERMONT. A partir de ce moment, Lawrence WEINER partage préalablement avec le "client", le destinataire, ou le commanditaire. Il s'inscrit résolument dans le courant "d'art conceptuel" où"l'idée prime sur la réalisation" posant en permanence la question de "ce qui permet à l'art d'être art ?", et résume ses intentions dans la déclaration suivante :

     1. L'artiste peut construire le travail.

     2. Le travail peut-être fabriqué.

     3. Le travail peut ne pas être réalisé.

     - Chacune de ces possibilités étant égale et coïncidant avec la volonté de l'artiste.

     - Le choix de l'une ou de l'autre de ces situations incombe au récepteur au moment de la réception.

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Cliché emprunté sur internet

Travaillant toujours avec la vidéo, l'écriture, le son, la sculpture, les installations, le dessin, la performance, Lawrence WEINER serait aujourd'hui plus connu pour ses propositions de textes. Ceux-ci sont les énoncés de ses idées fondatrices, ou bien décrivent des oeuvres réalisées.

Très modestement j'ose une tentative de comparaison culinaire de cette pratique : ce serait un peu comme un chef cuisinier qui ne cuisinerait pas mais qui proposerait ses recettes ou leur ébauche, en considérant que le destinataire peut refaire, installer, ou imaginer librement. "L'oeuvre" n'est plus l'objet lui-même, elle est peut-être sa recette, ou même le partage d'un imaginaire. 

Voici donc qui laisse aussi perplexe qu'interrogatif !!!

A CALAIS en 1993 (ou 1994), "Le Channel", salle de spectacle labélisée "Scène nationale" par le Ministère de la Culture, a commandité le texte suivant à Lawrence WEINER à l'occasion d'un travail sur la ville :

     - (PRIS) DEPUIS UN POINT FIXE

     - (TAKED) FROM A FIXED POINT

     - (PLACE) SUR UN POINT FIXE

écrit-peint autour du phare de la jetée ouest.

1-AvtTravaux-CalaisJeteeOuest-Pris

Cliché emprunté sur internet

L'auteur vend le texte *, mais avec des contraintes de taille et de caractères. Ce même texte, qui porte le n°717, est également reproduit sur un mur du jardin des Tuileries à PARIS. "Est", "a été" ou "était", car il est possible que ces mots écrits en 2000 en attirent d'autres qui les recouvrent, ou même pire...

A CALAIS sur le phare, des graffitis ont voisiné un temps avec les mots de Lawrence WEINER. Un temps seulement, jusqu'à ce qu'une entreprise de peinture chargée de la rénovation de l'édifice n'efface les uns et les autres, les graffitis et l'oeuvre d'art.

* (à confirmer : entre 100 et 300 € actuellement semble-t-il)

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Cliché emprunté sur internet

Et alors, que se passe-t-il en BOURGOGNE ?

CHAGNY prévoyante, s'est assurée d'une plus grande permanence de l'oeuvre d'art de Lawrence WEINER. Elle n'est pas ville côtière, mais on amarre des bateaux dans le port du canal à CHAGNY autrefois bien connu des mariniers, aujourd'hui des plaisanciers.

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© F6 - des mots sur l'eau

A défaut d'un phare qui indiquerait l'entrée du port de CHAGNY, c'est un livre qui le fait, dressé en janvier 1995 quelques années après que Richard SERRA ait planté "Octagon for Saint Eloi" sur la place de l'église. 

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© F6 - première de couverture

Le livre de béton mesure 5 mètres de haut, 3 de long et 1 de large. Les mots sont découpés au laser dans des plaques de métal "microbillé et passivé". Les travaux ont été réalisés par des entreprises locales de maçonnerie et de chaudronnerie.

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© F6 - quatrième de couverture

Contrairement à"Octagon for Saint Eloi", aucun panneau explicatif n'accompagne cette réalisation. C'est dans le dossier de presse réuni à l'occasion de son inauguration que l'on trouvera le plus de renseignements sur l'installation (lien en bas d'article).

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© F6 - au port devant la tuilerie

     - MIS SUR L'EAU EN DESSOUS DES ETOILES

     - EXTRAIT DE L'EAU&TRANSPORTE VERS LES ETOILES

     - (1 CHOSE) (2 CHOSES) (3 CHOSES) (PLUS)

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© F6 - à l'heure de l'apéritif, tranche de mots...

En guise de compléments me semblant utiles à l'appréhension de cette installation, je vous propose les informations suivantes :

     - le port de CHAGNY s'ouvre à l'endroit d'un coude que fait le canal du Centre,

     - le Canal du Centre relie la rivière SAÔNE au fleuve LOIRE, par conséquent la Mer Méditerranée à l'Océan Atlantique,

     - le livre est situé juste avant deux ponts : le premier qui fait passer la route sur le canal, côtoie le second plus original, permettant au canal de passer au dessus de la voie de chemin de fer (Pont-canal),

     - l'entreprise industrielle voisine du canal, ayant très probablement profité autrefois des transports par péniche, est une tuilerie réputée. Elle sèche avant de cuire encore aujourd'hui peut-être, la terre extraite dans la forêt voisine. L'entreprise Saint-Gobain-Terreal produit les tuiles qui protègent la plupart de nos maisons, et exporte bien au-delà,

...

     - le village voisin de BOUZERON est le berceau de l'Aligoté, le vin blanc sec du traditionnel blanc-cassis nommé KIR, et CHAGNY, celui du jambon persillé (jambon, pied de porc, marinade à l'aligoté, persil) qui se vend en tranche pour l'entrée, ou bien se découpe en petits cubes pour l'apéritif.

 

A la bonne vôtre !

Vous voici aujourd'hui fixés sur l'énigme proposée à la fin d'un article récent. Merci et bravo à vous lecteurs, que vous ayez trouvé la solution, ou bien osé une proposition. 

A bientôt...,

toujours à CHAGNY ! 

 

©F6

1er avril 2016 

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Dossier de presse - Lawrence WEINER - CHAGNY 1995

 

Chagny : pas d'art ménagé ! (1/?) - En balade, né au vent

Les habitants de CHAGNY (chagnotins), dont sans doute certains ont une pierre dans leur jardin et d'autres un caillou dans leur chaussure, partagent tous un "boulon" sur leur place : "Octagon for Saint Eloi". Tout au long de cet article, je m'étais efforcé de ne pas en dresser un portrait trop discourtois.

http://f6mig.canalblog.com

 Je remercie :

     - Paulette qui, il y a quelques années avait "enquêté" du côté de CALAIS,

     - Wikipédia première source de renseignements où l'on retrouvera Lawrence WEINER et Richard SERRA...


CHA... coussin de Jeanne-Marie

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CHA... Allez ! Pas de CHAGNY aujourd'hui !

Après tout l'acier rouillé et le béton lettré des derniers articles, après vous avoir éprouvés  et à défaut de pouvoir vous offrir un apéritif plus consensuel à base d'aligoté ou de jus de fruits d'ici et de jambon persillé servi sur Octagon ou bien à l'ombre du "phare à mots", voici un peu de douceur et de légèreté, de couleurs et de fantaisie bien méritées.

Petit rappel : vous connaissez Croquette, la chatte "rouge", Craquette sa soeur couleur serpillière, et Filoute la fille de Craquette trop tôt disparue. Eh bien, les voici à nouveau de poils soyeux, de facétie féline...,

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... et depuis peu fidèlement reproduites en feutre de laine de mouton, jouant à chat-cachéà pas feutrés derrière un coussin.

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Notre amie suisse Jeanne-Marie est la créatrice de ces coussins personnalisés uniques. A ce jour, ils sont bien une vingtaine de chats tous différents, doubles troublants, à avoir trouvé une bonne place chez leurs originaux, sur un fauteuil ou un canapé. Mais Jeanne-Marie ne feutre pas que des chats, son imagination, son savoir-faire, sa curiosité, son talent, ses connaissances, sa gentillesse sont sans limites, en éveil permanent. Ce dimanche de mars dernier, alors que nous étions invités à partager le repas et à prendre possession de notre coussinchats au bord du lac de NEUCHÂTEL, tout en montrant de ses mains la technique de l'aiguille à feutrer, Jeanne-Marie expliquait que la création évoluait en cours de réalisation, au gré des doigts, suivant le fil de l''imagination portée par une forme, une ombre, une couleur, une envie d'essayer... jusqu'à parfois aboutir à tout à fait autre chose que ce qui était prévu au départ.

Jeanne-Marie fait des sacs aussi..., 

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... mais des sacafleurs et des sacanimos.

J

Jeanne-Marie fait des paruramalices et des décozoziaux...,

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... et encore des parurafleurs, et encore des décocos.

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Jeanne-Marie fait des trofesses, des trotêtes et des trophées, bien plus gais que ceux des chasseurs et que les bustes de bronze de tropsérieux.

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Jeanne-Marie fait bien sûr des sacanimoscoquins,

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et tout plein de trucs à embarquer, à embobiner petits et grands, enfants et aïeux, de la naissance jusqu'au bout de la vie avec du rire aux larmes, des larmes de bonheur, des réminiscences d'enfance, des envies de jouer, de chanter... 

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Jeanne-Marie fait des coussins à histoires à dormir debout, à s'endormir dessus, à faire de beaux rêves dans les grands draps blancs des matelas de sable chaud.

J

Jeanne-Marie participe à des marchés originaux, "conceptuels"... où l'art consiste aussi à faire tenir le plus possible de jolies choses dans une valise ingénieuse.

J

Mais Jeanne-Marie n'est pas que ça, elle est aussi conteuse, actrice, clown, costumière, décoratrice... nageuse hors pair, maman, cuisinière, épouse, grand-maman... et j'en oublie sans doute !

Carte J

Notre dernière conversation par messagerie électronique a tourné court : "On m'appelle, je dois aller faire la sorcière !!!!", c'était un lundi, jour des tout petits-nenfants à la maison perchée au bord du lac.

Carte spec J

Artisane, créatrice, artiste... vous comprendrez aussi pourquoi elle vit...

     ... avec Géo-trouvetout,

     ... dans une véritable caverne d'Ali Baba,

     ... au pays des merveilles !

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Z'avez-vu, cha ch'est une chouette copine Channe-Marie !

 

©F6

4 avril 2016 

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NB - seuls les deux premiers clichés proviennent de l'appareil de F6, les autres sont des montages réalisés à partir des photos disponibles chez Jeanne-Marie (voir ci-dessous).

Pour ceux qui le souhaitent et qui disposent d'un compte "facebook", ils pourront retrouver Jeanne-Marie ici :Les ZanimO's de Jeanne et autres petits contes

Bouilland, printemps nouveau.

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Très attendu, comme chaque année un peu plus, le printemps était encore hier tout nouveau à BOUILLAND. L'eau sourd du plateau calcaire par tous les trous. La moindre rigole aride l'été, est aujourd'hui petit torrent filant joyeusement rejoindre le cours du RHOIN au fond du vallon. La rivière surprise dans son lit par cette affluence soudaine, en sort de ses méandres. Les boeufs charolais blancs, lavés de frais mais chaussés de bottes boueuses, entre méandres inondés et bord de route dévisagent les passants d'un oeil neuf et curieux.

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1- Depuis le plateau de la forêt du Grand Hâ, vue sur les roches du Chatelet tout juste visibles au centre droit derrière le rideau d'arbres, puis la Combe Portaut et son passage de la Roche Percée, juste au dessus à gauche le groupe de maison des Buttes avec celle du poète Joseph Pétasse faisant face à l'Abbaye Sainte Marguerite à droite

Préparant une prochaine balade amicale, j'explorais des sentes biscornues dans les pierriers pentus sous les roches, plus flagrantes et moins tordues sous le couvert du taillis du plateau. Pas de traces de semelles ni de petits trous de bâtons de marche, mais des empreintes de sabots, de coussinets et de griffes, pas de papier gras, juste un crâne usé et moussu de canidé, des branches bien basses obligeant à se courber..., pas de doute, je suis bien sur des sentiers partagés, mais partagés avec ceux qui ne sont plus gibiers depuis quelques jours seulement et qui peuvent maintenant à loisir jouir de quelques mois de quiétude dérangés par les seuls promeneurs bariolés.

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2- Orobanche

Ma première vraie rencontre avec les Orobanches n'est pas si ancienne, juste quatre ou cinq ans. A l'époque, j'avais pris ces plantes à la couleur peu habituelle pour des Orchidées très défraîchies, mais un indice laissait planer le doute sur cette détermination hâtive. Pourquoi une plante défraîchie, en passe de sécher complètement pour disparaître en hiver serait-elle aussi grasse et charnue ?

Les Orobanches sont des herbacées "holoparasites" : sans capacité de photosynthèse, elles n'ont pas du tout de chlorophylle et dépendent entièrement de plantes hôtes dont elles tirent les éléments nutritifs. Des graines d'orobanches, sortent de petites pousses qui, avant de s'élever vers le ciel, partent à la recherche des racines de leur plante hôte pour s'y fixer et s'y nourrir. Je reste bien peu connaisseur pour les discerner, mais certaines Orobanches sont très exclusives et ne portent intérêt qu'à une seule variété de plante hôte.

Ces particularités remarquables s'appliquent sans doutes à certains humains, certaines au moins, pas toutes ensemble peut-être, heureusement... mais la discrétion, la politesse, et la courtoisie m'interdisent d'évoquer ici la moindre personne dont on pourrait dire qu'il est une "espèce d'orobanche holoparasite" ! Je retiens tout de même la comparaison, au cas où, un jour...  

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3- Chevreuils (Capreolus capreolus)

Sur le plateau de la forêt du Grand Hâ, le vent frais de nord-est me laisse approcher jusqu'à environ 200 m de deux petits cervidés couchés juste derrière la ligne d'horizon de la prairie. Têtes dressées, probablement alertés par le bruit ou le mouvement, ces deux là se relèvent, observent encore quelques secondes dans ma direction avant de déclencher le mouvement de fuite d'une troupe bien plus nombreuse.

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4- quinzaine de Chevreuil... course bondissante... comme sur ressorts...

Course bondissante, des culs blancs de "pom pom girl" montés sur ressorts, c'est une quinzaine d'individus qui s'enfuient, laissant derrière eux deux retardataires plus curieux. Je les retrouverai tous, juste derrière le tertre suivant, puis plus loin quelques-uns seulement sur la même sente que moi, sous le taillis.

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5- deux chevreuils retardataires

Les couleurs dominantes du fleurissement de ce début de printemps à BOUILLAND sont le jaune apporté par les Primevères (Primula eliator), le violet bleuté des Pervenches et des Violettes, le blanc des Anémones sylvie.

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6- Orchidée en bouton floral

BOUILLAND est riche en Orchidées sauvages, mais il faudra attendre quelques semaines pour les rencontrer sous leurs plus beaux atours. Je ne saurais déjà deviner quelles variétés s'épanouiront des quelques boutons floraux croisés aujourd'hui, pour certains encore en devenir.

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7- Erable à sucre en fleur (Acer saccharum)

Les feuillus n'ont toujours pas repeint la reculée jurassienne bourguignonne de BOUILLAND de leur verte marée, seules quelques taches vert tendre ou jaune émergent çà et là, offertes par les Cornouillers et les Erables en fleurs.

A BOUILLAND, la nature se réveille tout juste d'un hiver peu rigoureux, s'étire en baillant et paresse encore sous le soleil, pour mieux se rendormir à la première averse, aux derniers brouillards.

A samedi, à BOUILLAND.

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7 avril 2016 

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"Balcons de Bouilland", ou, "Le sentier des orchidées"

A Gilbert, qui, après mon père sensible et déjà bon connaisseur en matière de flore et de faune, a considérablement élargi, enrichi et documenté mon intérêt couvant pour les fleurs, les cartes, les cours d'eau, les cartes des fleurs et des cours d'eau, les récits, les récits de cartes, de fleurs et de cours d'eau...

http://f6mig.canalblog.com

 

Petite araignée

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Ophrys araneola

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ou Ophrys petite araignée

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ou Ophrys litigieux

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Elle est la plus précoce des orchidées.

En pleine lumière sur la pelouse calcaire de BOUILLAND, elle s'est offerte en nombre à nous, comme la dernière petite merveille de notre balade à trésors naturels. Petit bijou d'orfèvre, la voici aujourd'hui nouvelle perle ajoutée à notre collier de petits bonheurs. 

Grande journée de plein air, idéale...

 

©F6

9 avril 2016 

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La petite araignée avec des informations botaniques chez les autres (Gilbert de Bourgogne, Damien d'Alsace)

 

Ophrys araneola Rchb.

plante de pleine lumière sur pelouses sèches. C'est par cette espèce que débute la saison des orchidées!!! Extrait de le Flore de Coste Pour visualiser la cartographie SFOLA de cette espèce, cliquer sur la carte ci-dessous:

http://orchidees-alsace.hautetfort.com

 

CHAGNY : On the road again, or, road-art

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C'est ici, au bord de la route avec le mur peint de cette grange en plein champ, qu'un premier indice m'était apparu, mais c'était il y a environ 10 ou 12 ans. Le petit moteur de la curiosité est parfois poussif, connaissant des pannes suivies de périodes d'immobilisation, des redémarrages imprévus...

La publicité de ce mur peint aux couleurs déjà moins vives aujourd'hui, vante les appareils Kodak et l'usine de CHALON-SUR-SAÔNE. "Vous appuyez sur le bouton, nous faisons le reste" disait en 1888 Georges EASTMAN le fondateur de l'entreprise ; "Clic, clac, merci Kodak" reprenait plus tard la publicité... Il y a maintenant longtemps, depuis bien avant même l'apparition du numérique, que la firme Kodak est passée loin derrière ses concurrents asiatiques en matière de fabrication d'appareils photographiques simples et populaires.

1 - RN6 pub

1- RN6 - abords d'IVRY EN MONTAGNE

Si on se rappelle encore de l'INSTAMATIC Kodak avec ses films en chargeurs, cadeau de communion de la fin des années 60 et du  début des années 70, on peinera sans doute à se souvenir des modèles suivants. Mais l'usine de CHALON-SUR-SAÔNE, installée en 1961 et spécialisée dans les surfaces photosensibles qu'elles soient destinées au grand public, au cinéma ou à la radiographie médicale, n'a jamais produit un seul appareil photo. Dernier élément troublant : pourquoi faire aujourd'hui, sur un support "d'un autre âge", la publicité d'une usine Kodak dynamitée en 2008 après une longue période de baisse d'activité, de réduction de personnel et de liquidation ?

2 - RN6 pub

2- RN6 - abords d'IVRY EN MONTAGNE

Kodak, avec le transfert en 1985 des activités de VINCENNES à CHALON-SUR-SAÔNE pour des raisons de capacités de développement et de situation géographique stratégique, était effectivement devenu ici une sorte de "bienfaiteur de l'activité économique". L'installation des familles des employés de VINCENNES, devenus bourguignons par nécessité, avait obligéà revoir à la hausse l'offre de logements, le nombre de classes dans les écoles..., et ce, même jusqu'à CHAGNY distante de 18 kilomètres.   

3 - Chagny estafette Banania

3- Estafette Renault - Carrossier CHAGNY

Deuxième indice emmagasiné sans pour autant établir de lien avec le précédent, cette Estafette Renault rutilante, restaurée aux couleurs d'un véhicule publicitaire de manifestation sportive photographiée devant le hangar d'un carrossier à l'entrée de CHAGNY.

La Route Nationale 6 borde CHAGNY, elle est la soeur jumelle plus à l'est de la Nationale 7 surnommée Route bleue ou Route des vacances. L'un et l'autre de ces grands axes traversant la France de PARIS à la Méditerranée comporte des passages délicats : pour la Nationale 7, les Monts du Lyonnais entre ROANNE et LYON, pour la Nationale 6, la traversée du MORVAN depuis AVALLON jusqu'au pied de la côte des vins de Bourgogne à CHAGNY.   

4 - Chagny borne RN6

4- Borne RN6 - CHAGNY Pont de Paris

Le moment venu d'équiper la France d'axes routiers de plus grand gabarit, de préférence à celui de la RN7, c'est grosso-modo un tracé proche et parallèle à la RN6 qui a été choisi pour ouvrir l'autoroute A6 entre 1953 et 1971. En 1955, alors que débutaient les travaux de l'A6, Charles TRENET écrivait et chantait "Nationale 7" comme une éloge, à valeur de future épitaphe :  "On chante, on fête - Les oliviers sont bleus ma p'tite Lisette - L'amour joyeux est là qui fait risette - On est heureux Nationale 7".

Progressivement le trafic routier s'est déplacé, abandonnant la Nationale 6 et abondant celui de l'autoroute A6.

5 - RN6 Station Bel Air

5- Station-service, garage du Bel-Air - LA ROCHEPOT

Toute une économie locale de la route, répartie sur les centaines de kilomètres de la RN6, s'est trouvée très rapidement privée du flot des ses ressources : qu'ils soient familles roulant pour leurs vacances, artisans en route pour leurs chantiers, professionnels de la route en poids-lourds, fourgons, ou voitures légères de représentants de commerce, petit à petit, plus rien, ou presque n'empruntera la nationale. Hôtels de bourgades, stations-service souvent face à face d'un côté et de l'autre de la route, garages mécaniques ou concessions automobiles, bars-restaurants de village, resto-route précurseurs des cafétérias, mais aussi épiceries et boulangeries, à l'époque de l'apogée des routes nationales en France il était impossible de rouler 10 kilomètres sans rencontrer l'un ou l'autre de ces "postes de secours aux mécaniques" ou bien "aux ventres affamés". Mis à part quelques rares établissements de renom ou très bien situés, tout le petit commerce local de route nationale est passé en 20 ou 30 ans, de l'étiage de son cours économique à l'abandon de l'activité, puis à la cession des bâtiments, ou pire, à la ruine.

6 - RN6 Station intérieur

6- Station-service, garage du Bel-Air - LA ROCHEPOT

Le troisième indice sur le chemin de ma curiosité est donc cette station-service-garage du Bel-Air située sur le dernier point le plus élevé en altitude de la RN6 après le MORVAN et avant la Plaine de Saône. L'endroit est repeint de frais depuis 2014-2015, depuis qu'il a été racheté par la Communauté d'Agglomération "BEAUNE Côte et Sud" et que la gestion en a été confiée à un club automobile local l'A.O.C. (Automobiles d'Origine et de Collection). L'endroit bien pentu et sinueux était connu comme risqué et très éprouvant pour les mécaniques.      

7 - RN6 Garage Bel Air

 7- Station-service, garage du Bel-Air - LA ROCHEPOT

Si Bel-Air est connu pour ses dangers, il l'est aussi du grand public comme l'est Nationale 7 avec la chanson de Charles TRENET, mais avec le film policier de Jean-Pierre MELVILLE "Le cercle rouge", interprété par Alain DELON - André BOURVIL - Gian Maria VOLONTE - Yves MONTAND - François PERIER...

8 - RN6 Plymouth Delon Cercle Rouge

8- Alain DELON au volant de la Plymouth arrivant à Bel Air en 1970 - Le cercle rouge (image internet)

9 - RN6 Relais route Bel Air - Cercle Rouge

 9- La Plymouth stationnant devant le Relairoute - faussant compagnie à BOURVIL  en sautant du train, l'évadé VOLONTE va se glisser dans le coffre - Le cercle rouge (image internet)

10 -Relairoute-de-la-Rochepot

10- Carte postale du Relairoute fin années 1960, début années 1970 (image internet)

Seule la station service du Bel-Air est accessible aujourd'hui. Le Relairoute existe toujours, mais revendu probablement plusieurs fois et clos de murs, il semble aujourd'hui livréà l'abandon. On lit que Nana MOUSKOURI en serait la propriétaire !?

11 - Chagny garage St C

 11- CHAGNY - mur peint

Sur cette portion dangereuse de la RN6, les stations-service et les garages automobiles sont nombreux, "au milieu de nulle part" comme à Bel-Air (1 station, 2 garages, 1 Relairoute) et dans les villages traversés à IVRY-EN-MONTAGNE, LA-ROCHEPOT, SAINT-AUBIN et CHAGNY où l'on trouve celui-ci, le Garage Saint-Christophe à l'enseigne et à la publicité fraîchement repeintes.

12 - Chagny garage St Christophe

 12- CHAGNY - mur peint et façade du garage Saint Christophe

A CHAGNY on trouvera, également fraîchement repeinte, la station-service du Pont de Paris inscrite comme Monument Historique au patrimoine du XXème siècle par arrêté préfectoral du 20 juillet 2012. La base de données Mérimée nous dit : "Sont sous protection l'ancienne station service, y compris le bâtiment de la boutique, la voie d'accès et sa glissière, le lampadaire éclairant l'aire de service, les vestiges d'implantation des pompes, le mât signal, située le long de la route nationale 6 près du carrefour avec la route d'Ebaty. Cet édifice au caractère sculptural et au dessin soigné et précis est une réalisation de l'architecte Gremeret. Son mât en béton ainsi que le bandeau en béton surmontant les élévations courbes participent à la signalisation de cette ancienne station-service. L'ensemble présente une silhouette élancée et moderne et son intégration au lieu lui confère un intérêt certain."

13 - Chagny station Pont de P

13- Station du Pont de Paris - CHAGNY 

Arrivé pratiquement au terme de la présentation de cinq indices visuels, je vais tenter de compléter mon propos par des informations en rapport avec cette vaste entreprise touristique-artistique qui associe tant de personnes, d'intérêts, et d'institutions, qu'elle  prendrait bien l'aspect d'un imbroglio.

Depuis 2004 et toujours aujourd'hui : dans le cadre d'une action des "Nouveaux commanditaires", alternative participative au traditionnel marché de l'art initiée et soutenue par la Fondation de France, la portion de RN6 AVALLON - CHAGNY fait l'objet d'un projet d'art et de préservation du patrimoine.

Dans les environs proches, le sport mécanique est bien présent : le circuit automobile DIJON - PRENOIS organise chaque année des rassemblements, des courses d'automobiles  et de moto anciennes / des clubs automobiles, notamment celui d'ARNAY LE DUC sur la RN6, et celui de BEAUNE, invitent à des manifestations (montée de LA ROCHEPOT avec sa dernière édition les 09 et 10 avril 2016), des rallyes, des expositions, des ateliers-conseil / la région voit passer chaque année des rallyes au long cours de voitures de collection / Louis CHEVROLET, d'origine Suisse, a vécu et travailléà BEAUNE et CHAGNY entre 1887 et 1899 comme mécanicien, carrossier, peintre, coureur cycliste, avant d'émigrer aux Etats-Unis où il fonda en 1911 la marque automobile à son nom CHEVROLET / le Château de SAVIGNY-LES-BEAUNE et son grand domaine viticole sont rachetés en 1979 par Michel PONT, ancien coureur automobile des années 1960 sur Abarth, il y présente ses collections d'avions, de voitures, de motos, de véhicules de pompiers / bon nombre de carrossiers et mécaniciens locaux, en marge de leur activité principale, s'adonnent à la restauration de véhicules anciens...

14 - Chagny-N6-Pont-de-Paris

 14- Station du Pont de Paris - CHAGNY - carte postale ancienne (image internet) 

Soucieux de multiplier les points d'attraits touristiques de la région afin d'assurer et d'accroitre la fréquentation, et par conséquent, les retombées économiques, les collectivités territoriales, principalement communes et communautés d'agglomération, avec le soutien des conseils départementaux et régionaux, prospectent, motivent, profitent des notoriétés et des relations, des connaissances et de l'entregent de leurs élus. La communauté d'agglomération "BEAUNE Côte et Sud" dont les plus importantes communes sont BEAUNE, CHAGNY, SEURRE à l'écart de la RN6, et NOLAY voisine de la RN6, rachète la Station garage du Bel Air en 2011 (?). Elle y installe le club automobile A.O.C. ; à charge pour lui de gérer et d'animer l'endroit. "BEAUNE Côte et Sud" nomme l'un de ses douze vice-présidents "chargé de mission nationale 6". Responsable de la revitalisation de la portion SAULIEU - CHAGNY, ce chargé de mission fait appel en 2012 à M. Jacques LE DISEZ "conseil en relation publiques et communication" pour la création d'un site d'attraction, loisirs, pôle technologique et événementiel de 29 hectares vendus par la commune de LA ROCHEPOT. Le site, financièrement privé, est "bien accompagné" par les élus. Il fait appel aux financements des particuliers et des entreprises afin de réunir la somme de 8,5 Millions d'euros en vue de l'ouverture au printemps 2018 de "Vintage Bel Air" (lien vers dossier de presse en bas d'article). A titre d'illustration, Claude LELOUCH qui ouvrait il y a peu une école de cinéma à BEAUNE, était présent à Bel Air samedi 9 avril dernier avec la Ford Mustang conduite par Jean-Louis TRINTIGNANT dans le film "Un homme, une femme"... chabadabada, chabadabada...

15 - Chagny station Pont de P

 15- Station du Pont de Paris - CHAGNY

Et l'art me direz-vous, il est où l'art ? : prétexte, opportunité, fil rouge... il faut pister pour débusquer l'art ou, ses traces, tout au long de la portion AVALLON - CHAGNY dans le projet conduit depuis 2004 par les "Nouveaux commanditaires" de la "Fondation de France". Le projet piloté par Xavier DOUROUX médiateur culturel de l'action "Nouveaux commanditaires", associe depuis le début l'artiste d'origine Suisse Olivier MOSSET. Ce projet est matérialisé actuellement sous la forme des réhabilitations de murs peints et de stations-service réparties au long de la portion de RN6 concernée, ainsi que de deux oeuvres d'art contemporain.

Olivier MOSSET, installé aux Etats-Unis depuis 1977, qualifié "d'Easy Rider sexagénaire" dans un article du "Monde culture" (voir lien ci-dessous), séjourne toujours en Suisse où il est propriétaire d'une ferme près de NEUCHÂTEL, ainsi qu'à DIJON où l'Ecole Nationale Supérieure d'Art l'accueille régulièrement. Passionné de voyage, de la mythique "route 66" nord-américaine, de motos Harley-Davidson, d'automobiles de collection, l'homme voyage aussi facilement dans l'art contemporain depuis les années 60. On le trouve aux côtés de Daniel BUREN, de Niki de SAINT-PHALLE et Jean TINGUELY, de nombreux autres artistes. A propos de son travail on lira : monotype, monochrome, pop art, minimaliste..., probablement comme Lawrence WEINER, "déconstructeur" de l'art pictural classique. "C'est l'art qu'on devrait un peu oublier, justement pour que l'exposition puisse exister" dit-il. 

16- Chagny installation Olivier Mosset

 16- Sculpture monumentale "Pont de Paris II" d'Olivier MOSSET - au second plan, station du Pont de Paris - CHAGNY

Mais au fait, il est où l'art ?

Eh bien, l'art est là, bien là de l'autre côté de la Nationale 6, en face de la Station du Pont de Paris où l'on en trouvera une évocation minimaliste, réplique symétrique de quelques-uns de ses éléments d'architecture. L'oeuvre est signée Olivier MOSSET, baptisée "Pont de Paris II", inaugurée en octobre 2014, sculpture monumentale de 13 mètres de haut et 25 mètres courbes d'acier laqué... 

17 - Chagny installation Olivier Mosset

 17- Station du Pont de Paris - CHAGNY

L'art court ici tel un "fil rouge" le long de la Nationale 6, comme le vin coule à filets rouges des bonnes bouteilles de Bourgogne... vin rouge et vin blanc... fil rouge...

CercleRouge

18- Cercle rouge - oeuvre d'Olivier MOSSET au cinéma l'Etoile à SAULIEU (image internet)

Voici la seconde oeuvre d'Olivier MOSSET, son tondo minimaliste évocateur du film "Le cercle rouge" installé au cinéma l'Etoile à SAULIEU, qui me permet de mettre le point, le cercle ou le disque final à cette nouvelle présentation d'art contemporain O

 

©F6

 13 avril 2016 

En cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.

 

Dossier de presse Vintage Bel Air

Sur la route de l'art et des utopies des années 60 avec Olivier MOSSET 

CHAGNY : cékiki ?

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A la manière d'un jeu de revue, du genre de celles qu'on lit comme ça pour se détendre, qu'on feuillette par curiosité en tournant les pages de l'index mouillé, essayez de remettre chaque artiste en face de son oeuvre visible à CHAGNY. (ce n'est la peine d'essayer de "cliquer-glisser" ;-) ... juste noter en commentaire, ou pour soi)

Il n'y a rien à gagner, juste à se complaire à imaginer que l'homme réalise un peu "à son image"... Essayez-donc, mais sans chercher les portraits sur internet, essayez-donc en vous remémorant les publications d'ici présentant leurs oeuvres. (lien ci-dessous pour retour en arrière)

Quiz art contemporain - CHAGNY

Réponses programmées dans 4 jours, le 20 avril.

©F6

16 avril 2016

 

Livre... étoiles de Lawrence WEINER

CHAGNY : un phare à mots - En balade, né au vent

Quittons le métal rouillé muet pour aborder aujourd'hui une oeuvre bavarde faite de mots au bord de l'eau. Mais avant de rejoindre CHAGNY, je vous propose un petit détour rendu possible par la diffusion magique et instantanée des informations.

http://f6mig.canalblog.com

Octagon for Saint Eloi de Richard SERRA

CHAGNY :

Hélène , et son homme m'ont épaté qui, sans avoir la moindre idée au départ, ont trouvé l'auteur du truc et avancé une théorie des nombres ; peut-être même ont-ils localisé le machin !? ... et que ceci n'est pas un urinoir... ...

http://f6mig.canalblog.com

Corvidé et autres animaux de Peter MEYERS

CHAGNY : anim'art - En balade, né au vent

De passage samedi à CHAGNY, je profitais du grand beau temps pour tirer quelques portraits plus gais d'Octagon, et pour pister les oeuvres d'art conteporain que je ne connaitrais pas encore, dispersées dans la petite bourgade . "Bonne pioche"à tous points de vue !

http://f6mig.canalblog.com

Pont de Paris II d'Olivier MOSSET

CHAGNY :

C'est ici, au bord de la route avec le mur peint de cette petite grange en plein champ, qu'un premier indice m'était apparu, mais c'était il y a environ 10 ou 12 ans. Le petit moteur de la curiosité est parfois poussif, connaissant des pannes suivies de périodes d'immobilisation, des redémarrages imprévus...

http://f6mig.canalblog.com

 

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